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Parler gros

9/26/2021

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Le 16 septembre dernier, j’ai eu le privilège de participer à l’activité « On papote, grignote et sirote avec… » l’unique Mickaël Bergeron. C’est un journaliste, chroniqueur et auteur de plusieurs livres dont le livre La vie en gros, regard sur la société et le poids[i].   

L’ouvrage « La vie en gros » permet adéquatement de réhabiliter l’utilisation du mot « gros » pour qualifier les corps. Je recommande ce livre parce que c’est un exercice d’humanité très touchant pour apprécier les réalités vécues par les grosses personnes dans un climat de grossophobie. Le livre alterne avec une grande adresse entre le registre émotif, les confidences, les statistiques médicales et un débat plus large scientifique et social. 

Je dois admettre que je suis très impressionné par cette personne. Monsieur Bergeron est sensible, intelligent, bienveillant et possède une chaleur humaine qui fait en sorte que l’on est très à l’aise de nous confier. En face de moi j’avais à faire à ce que je considère un géant sur la question de la diversité corporelle, du rapport au corps et de la grossophobie. Dernière phrase du « fanboy » en moi : je crois que si jamais il fait un cycle avec des entrevues de fond, il pourrait bien devenir un incontournable de sa profession au Québec. Je tiens également ici à souligner l’excellente animation de madame Mylène Rioux, hautement pertinente avec ses questions et très professionnelle dans son écoute. 

Il va sans dire que tout le mérite de l'activité et de son organisation va à l'équipe d'Arrimage Estrie que l'on peut retrouver ici: 

arrimageestrie.com/

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À lire sans plus attendre : la vie en gros
Un message pour la collectivité
 

Je crois que si je pouvais conclure sur l’activité du 16 septembre dernier, je passerais le message que je tente toujours de passer au sujet des étiquettes, des discriminations et des rejets vécus à cause de la différenciation. Au fond, la cause de la diversité corporelle pour moi est toujours la même. Je garde le sentiment très fort que ma collectivité se prive du potentiel d’une partie de la population. Chaque fois qu’une personne différente refuse de s’exprimer, chaque fois qu’elle regarde le plancher, chaque fois qu’elle passe son tour, ne joue pas à un jeu, s’immobilise de corps ou d’esprit, s’efface de la place publique, se cache pour exister, s’étouffe ou s’éteint en silence, mange en cachette, se prive ou se punie pour ce qu’elle est fondamentalement, chaque fois qu’un enfant se fane à cause du regard sur son corps, chaque fois qu’une personne arrête d’explorer ses limites parce qu’elle a intériorisé le regard oppressant de la normalité ma collectivité se prive d’un potentiel qui pourrait bien changer le monde pour le mieux. Autrement dit on ne devrait pas attendre de recevoir la permission d’exister pour se découvrir, se réaliser et contribuer.
​
Chacun d’entre nous vient au monde avec une lumière, un cadeau, un talent ou des capacités. Chaque vie qui n’est pas explorée est un gaspillage inestimable pour notre monde.

Et le monde qui vient a grand besoin de toutes les idées et de toute la richesse pour faire face aux défis.  

Retour sur certains propos

Si Mickaël Bergeron semble parfait dans sa parole, c’est beaucoup moins mon cas. Cette personne me donne l’impression que du fond de sa souffrance elle a trouvé des mots brillants pour éclairer le monde. Lors de notre discussion, j’ai ouvert sur mes réserves actuelles à qualifier des gens de grossophobes, de racistes ou de sexistes. Je tente maladroitement de faire une distinction que je juge utile lorsque vient le temps d’établir un dialogue. Je crois encore que quand une discussion vise la prise de conscience, l’échange et la sensibilisation, les étiquettes éloignent les personnes et brisent les échanges.

En 2021, la prise de conscience sur les formes d’oppression multiple que vivent les personnes, sur les injustices, les oppressions et les privilèges provoquent une pluie d’étiquettes. On veut provoquer la prise de conscience et c’est une bonne chose.

Le bémol vient lorsque la prise de conscience collective s’accompagne des étiquettes que l’on accole rapidement aux interlocuteurs. Un acteur social qui souffre risque de crier sa peine dans l’étape de la dénonciation des injustices. Ceci sape souvent le dialogue et est interprété par la droite conservatrice comme le double phénomène du « novlangue » et du sentiment du « on ne peut plus rien dire ». Les penseurs conservateurs accusent donc la nouvelle gauche d’être « woke » et une partie de la nouvelle gauche taxe les non-alliés d’étiquettes multiple (grossophobe, appropriation culturelle, transphobie, sexisme, racisme, discrimination systémique, etc.)

Les deux tendances causent une grande réserve de ma part dans mes prises de parole publique. Je passe pour quelqu’un un peu à droite dans les groupes de gauche et un gauchiste devant les gens plus à droite.

Et pourtant tout ce que je veux c’est ceci : dans le cadre d’un dialogue pédagogique pour provoquer une prise de conscience (comme en classe), j’ai la conviction qu’il est fondamental de distinguer la personne des propos. Ainsi, un propos ou une idée peut être grossophobe, discriminatoire, raciste, homophobe sans que la personne soit nécessaire « grossophobe, discriminatoire, raciste ou homophobe ». Je ne nie pas qu’il existe des personnes clairement grossophobes ou racistes. Règle générale je constate que c’est la culture qui l’est, une partie des systèmes ambiants et qu’une majorité de personnes sont juste inconscientes du côté vexatoire ou chargé de certaines idées.

En classe si j’explique à une personne « vos propos me semblent racistes et s’ils sont répétés vous pouvez passer pour raciste » ceci provoque plus facilement l’ouverture que de taxer la personne de « raciste » en expliquant que « vos propos n’ont pas leur place ici ». Évidemment, j’ai le privilège d’enseigner et de pouvoir animer plusieurs heures consécutives d’échanges.

Avec Arrimage Estrie, j’ai parfois le privilège de participer à des discussions et des échanges qui apportent aussi un peu de lumière. J’espère aider à éclairer le monde, à donner une voix à ceux et celles qui l’avaient perdu et de donner la permission à chaque personne que je rencontre d’exister.
En attendant : merci à Arrimage pour cette belle opportunité et à Mickaël Bergeron pour son ouverture. 


[1] BERGERON, Mickaël, La vie en gros, regard sur la société et le poids, Éditions sommes toutes, 2019, 247 pages. 
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Le goût des hamburgers

9/12/2021

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Sur la compétition et ma perception des collègues

Voici l’essence de mon travail 

1 – Allumer un feu intense
 
Objectifs supplémentaires

2 – Ne jamais laisser s’éteindre le feu

3 – Se retirer en espérant que chacun soit capable de porter ou de fabriquer un feu
 
Objectifs ultimes

4 – Faire comprendre que le feu est en chaque personne et que ton rôle était simplement de faciliter cette découverte

5 – Motiver les personnes à partager la flamme et permettre aux autres de briller à leur tour

6 – Découvrir que tes étudiants ou étudiantes sont devenus bien supérieurs à toi et les regarder fièrement enseigner à la génération suivante

Laver, rincer, répéter


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Semaine 3 : Pour allumer un feu je me maquille dans une présentation sur les sociétés traditionnelles. Notes: le "duck-face" et le signe de gang sont des demandes spéciales de la jeune génération. 
Sur la compétition

Voici un extrait de Christopher Lasch dans l’ouvrage La culture du narcissisme sur le déclin de l’esprit sportif

« Aujourd’hui, les gens associent la rivalité à l’agression sans frein; il leur est difficile de concevoir une situation de compétition qui ne conduise pas directement à des pensées de meurtre. » (p.164,l.6)[1]

Quand j’affirme que « je veux être le meilleur » et que « j’aime la saine compétition » plusieurs comprennent automatiquement que je tente de les écraser, de les mépriser ou que je veux enlever quelque chose aux autres.

Pire : que je crois dans ma propre publicité ou dans les commentaires des étudiantes et étudiants.

Les critiques les plus dures affirment que je manque de modestie, que je suis narcissique, égocentrique ou histrionique.

Le problème c’est la part de vérité dans la critique.

Parce que oui : mon personnage de prof est amoureux de lui-même, sarcastique, relativement égocentrique et il manque de modestie.


Mon personnage de professeur est plus grand que nature. C'est un persona, un masque, une construction pour faire face à la foule. 

C’est la carapace que j’ai pour entrer en interaction dans un monde peuplé d’extrovertis. Je donne un spectacle et quand je suis dans la classe je ne suis pas modeste, ce n’est ni le lieu ni l’endroit. Comme Tyson dans le ring, comme GSP, comme quelqu’un sur scène, comme je vois mon travail, je ne peux pas être modeste pendant le spectacle.

Pour trouver l’artisan patient et modeste, il faut que tu viennes dans les coulisses.

Parce qu’en classe le personnage est beaucoup trop sarcastique.  Je parle parfois du manque de modestie en classe pour absorber les critiques. Voici mes classiques: 

« Je pourrais être modeste, mais j’ai déjà un trop grand nombre de qualités »

« Pour votre information j’ai déjà gagné le concours national de modestie en 2018 et j’ai participé à la demi-finale brésilienne en 2020 »
 
La vérité est la suivante :

La dernière session (l’horrible session par Teams), je me suis excusé à chaque groupe pour la faible qualité de mes performances et j’ai pleuré devant 3 de mes classes.

Chaque session, je fais évaluer volontairement tous mes cours et je lis avec attention toutes les critiques. Oui, il y a toujours quelqu’un qui veut te marier sans cérémonie et il y a quelqu’un d’autre qui souhaite ta disparition sans avertissement.
 
Et sur les collègues :

Quand je parle deux minutes avec un prof d’arts et lettres je découvre que je suis inculte.

-Mais je vole toujours des recommandations pour des lectures parce que j’aimerais être aussi cultivé.

Deux minutes avec un prof de maths et je sens que je ne suis pas systématique et précis.

-Mais j’apprends à mieux réfléchir et être patient devant la complexité, parce que j’aimerais dégager ce calme devant les problèmes complexes.

Deux minutes avec quelqu’un des techniques et il est clair que je maîtrise mal des enjeux spécifiques et des méthodes précises (et que dire du don de soi en soins infirmiers).

-J’apprends l’empathie et des méthodes spécifiques de travail, parce que j’aime les méthodes précises et le don de soi.

Deux minutes avec les profs d’éducation physique et je sens que je manque le sens du jeu et parfois des mouvements.

-Parfois je passe pour un prof d’éducation physique, mais il y a toujours des méthodes à améliorer… J’aimerais avoir une expertise dans les mouvements.  

Deux minutes avec les profs de philo et je sens que je manque de nuances (c’est plus proche d’une minute avec la philosophe Joëlle Tremblay).

-J’apprends généralement que les questions qui me hantent ont des racines anciennes, parce que j’aimerais toujours faire les liens nécessaires avec les causes philosophiques des questions.  

Les profs de bio et de physique c’est encore pire et les profs de langue, et ainsi de suite... 

-J’ai donc tout à apprendre. 

Mes collègues en sciences humaines sont tous des experts de certaines facettes de la vie en société que je maîtrise mal.

Je suis même à l’aise d’écrire que mes collègues en sociologie sont meilleurs que moi (l’une a une précision chirurgicale et l’autre est toujours galopant de passion en plus de présenter la pluralité des perspectives).

- Donc avec autant de collègues compétents je suis l'équivalent d'un nain.

Je peux en mettre une dernière couche et expliquer que le personnel de la maintenance m’en apprend chaque fois sur la courtoisie et le savoir-faire.

- Tu peux le croire ou non.


Alors « qu'est-ce que je fais de spécial, pis en quoi je tente d’être le meilleur ? » 


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Dans le fond : je fais des hamburgers

Alors en quoi je tente « d’être le meilleur? », en ceci : le plus marquant pour les inspirer dans la suite des études. Le mot « inspirer » signifie « mettre de la vie dedans » et quand on le fait c’est un cadeau intense.

Donc j’allume des &% »/!? de gros feux.

Je paraphrase le musicien George Thorogood en remplaçant ce qu’il disait sur sa musique par le mot « enseignement ».

« Je ne suis pas le meilleur enseignant de tous les temps, possiblement même pas un grand enseignant. Mes cours sont plus comme des hamburgers sur un barbecue. Tout ce que je dis c’est ceci : une fois de temps en temps, il n’y a rien de mieux au monde qu’un bon hamburger. »

Donc ton alimentation ne devrait pas être constituée uniquement de fast-food. Il est vrai de croire que j’ai besoin des autres et de la permission de faire fonctionner « le barbec » dans mon coin.

Une fois que le feu est allumé, que les étudiantes et étudiants sont « en feu » j’ai la conviction qu’ils sont plus disponibles pour les nuances, le calme, les apprentissages lents et mesurés, la patience intellectuelle et la beauté de la quête intellectuelle.

Cette beauté est certainement plus accessible avec les autres professeurs.

En attendant, on se retrouve autour du barbecue : on sera maquillé, excité de rire, touché de pleurer et on mettra le feu.

[1] LASCH, Christopher, La culture du narcissisme, éditions Champs essais, 1979 [2006], 332 pages  
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Retour sur la semaine 1 de l'automne 2021 : Comme une date sur le pont du Titanic

8/31/2021

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C’est une bonne année, pas exactement celle que je voulais, mais c’est fort.

Je reviens sur cette première semaine d’enseignement dans les murs du Cégep de Granby.
 
Les étudiants et étudiantes sont magnifiques : la curiosité, la surprise, les étincelles dans les yeux et plusieurs m’ont fait rire. Sauf que je ne veux pas trop en parler parce que plusieurs pourront s’identifier (je préfère demander les permissions).
 
Dans tous les groupes sauf le jeudi matin, je suis monté sur les bureaux, j’ai récité un poème et j’ai expliqué que je tente d’être le meilleur prof que je peux être.
 
Tu l’sais que tu es en feu quand dans le premier 10 minutes :

                         -Tu montes sur le mobilier
                         -Tu utilises plusieurs fois des jurons
                         -Tu récites un poème
                         -Tu en veux encore à ta prof de maternelle


Cette année j’en profite, comme si c’était la dernière fois. Comme si c’était la première fois. C’est la cas chaque fois.
 
De toute manière je ne connais pas d’autre emploi rémunéré ou tu peux faire tout ça.
 
Le contact a été bon dans chaque groupe. Il y a toujours des gens pour me faire rire, des passionnés, des personnes intimidées et d’autres qui se demandent clairement ce qui se passe.

Ma hantise c’est de voir des étudiantes et étudiants indifférents.

 
Lundi
Je dois cependant revenir sur mes fautes.

Tout d’abord le lundi j’étais enfermé dans les toilettes avec l’envie de vomir et de pleurer 5 minutes avant le cours. J’ai écouté en boucle « Be humble » de Kendrick Lamar avant de foncer dans la classe.

 
« Be humble » ici :
www.youtube.com/watch?v=tvTRZJ-4EyI
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Ça été une réussite, mais inégale. 
​

Le lundi j’étais un peu « off beat », trop de temps loin d’une vraie classe m’a un peu fait perdre le rythme. Je ne sais plus quand donner la pause, ni si j’ai tout le matériel que je veux, ni comment procéder dans cet état pandémique incertain. 


Mardi
Le mardi j’ai remplacé en soins infirmiers! Quelle séance crève-cœur, un superbe groupe : elles sont allumées, vivantes, critiques curieuses et belles. Je dois les abandonner ainsi, c’était juste pour une fois. Comme une blind date sur le pont du Titanic. Tu te donnes parce que tu as un coup de foudre et que tu ne les reverras pas. J’avais tellement de difficulté à les laisser que j’ai fait des farces plates lors du au revoir.

Je crois que je vais les regretter.
 
Mercredi et jeudi
Le reste de la semaine a été super jusqu’à ma meilleure présentation (jeudi en après-midi) j’étais en feu. Le dernier groupe de la semaine. Le cours est dans un local difficile (si Satan avait un spa, il serait moins chaud que mon local du jeudi). Je compétitionne avec un ventilateur, un air climatisé portatif et un local long comme un autobus. Donc je gueule, j’ai chaud, je pue et je me donne encore plus.

Si jamais tu veux échapper aux flammes, tu deviens un démon pas vrai?

 
Mon meilleur moment
Déjà le jeudi matin j’étais encore sur Kendrick Lamar (la chanson DNA en boucle, beaucoup plus agressif). 

DNA ici: 
www.youtube.com/watch?v=NLZRYQMLDW4


Ma fierté reste mon premier contact avec mon groupe du jeudi matin. Un cours sur le sport. Mon accueil le plus audacieux de la semaine.

Pratiquement pas un mot.

Un ballon de soccer (le foot pour toute la planète sauf nous) que je botte entre les bureaux. Les étudiants (une forte majorité de jeunes hommes) me répliquent. On joue au ballon quelque instant, je compte et on tente de me battre. C’est improvisé, mais il y a un but.

Le jeu est universel. Au-delà des mots, de l’ethnie, de l’âge, des sexes, de la langue, avant la parole le mammifère humain joue.  J’ai adoré ce moment. Le jeu arrête les guerres, provoque les rencontres, nous apprend et élève.

À quel point introduire un moment de jeu change tout.

Et j’ai poussé un peu plus. J’avais un fusil nerf chargé dans mon sac (c’est un jouet pour enfant). Quand un étudiant s’est présenté en retard, un gars éberlué de sa rentrée, je l’ai pointé et tiré dans le torse pour l’amusement général. En prenant place, il a rouspété contre le cours de littérature dans lequel il s’est assis par erreur et ça été plus fort que moi : je l’ai tiré encore. Quel plaisir, toute la journée j’ai fantasmé sur l’idée de toujours avoir un fusil à fléchette pour répondre aux questions.
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Mon nouvel outil pédagogique : le pistolet Nerf! 

Et damn, je vous laisse sur un délire de mon esprit absurde.
 
CECI EST DE LA FICTION

J’aimerais glisser des paragraphes de ce genre dans mes plans de cours :

« L’étudiant-e s’expose à une méthode pédagogique extrême, en cas de mauvaise réponse il est possible que ce dernier reçoive un projectile (non contondant), soit aspergé d’un liquide (non alcoolisé), participe à un affrontement du regard avec le prof, que la mauvaise réponse soit coupée par un effet sonore ou que l’étudiant-e doive subir le doigt pointeur de la honte. En cas de propos ouvertement racistes ou misogynes, le port du casque est recommandé.» 

[…]

« Méthode de correction
Il est possible que le professeur corrige par l’entremise de GIF. Un travail court peut se corriger en 2 ou 3 GIFs. Un travail long peut prendre 1 GIF par section du rapport et ne dépasse généralement pas 5 GIFs. Dans le cas d’un travail trop insatisfaisant, le professeur se réserve le droit de te ghoster plus vite qu’un gars lors du Spring Break.»

[…]

« En cas de bonne réponse, le professeur est connu pour faire des sourires en coin et beaucoup de sarcasme. Une excellente réponse aura la double récompense : demi-sourire et sarcasme. Au terme de la session, il arrive que le professeur remette des prix en classe sous la forme de décoration absurde. À titre d’exemple, il est arrivé au professeur de remettre d’horribles décorations de Noël subtilisées à sa figure maternelle. Il va sans dire que seule une participation assidue rend éligible aux honneurs. »

[…]

À suivre, je remonte en selle et j’attaque la semaine 2! Plus tranquille parce qu’il faut maintenant attaquer du contenu. 


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Le doigt pointeur de la honte (un outil traditionnel) 
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Après la chute : Jour 1, semaine 1

8/22/2021

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Après la chute : Semaine 1, jour 1

Ce blogue change un peu de vocation. Je garde le thème de la catabase, c’est-à-dire ce point le plus bas à partir duquel on tente de remonter vers une grandeur parfois inaccessible. Ce thème est d’autant plus approprié que je viens de traverser une période extrêmement pénible : arrêt de travail, rupture, prise de poids, etc.

Donc on pourra suivre de plus proche mon retour au monde à travers 15 semaines de cours. Je garde l’identité des étudiantes et étudiants confidentielle, mais je suis à l’aise de partager sur mes succès et erreurs pédagogiques, sur les moments de grâce en classe et sur la qualité de nos échanges.
 
Alors c’est parti!
 
Semaine 1, jour 1

Dès demain, je suis de retour en classe depuis ce fameux vendredi 13 mars où l’on annonçait la pandémie. Des semaines, des mois et plus d’une année de pandémie et de mesure sanitaire. De retour en présentiel! Oui c’est arrivé quelques fois dans le passé, mais juste de manière sporadique sans jamais pouvoir établir le contact que je voulais.

EN PRÉSENCE POUR DE VRAI

Mon travail, enseigner, existe uniquement en personne. Je ne crois pas dans l’enseignement à distance (désolé pour les apôtres). Enseigner est un travail humain qui repose sur le contact, l’émerveillement, le corps, la voix, le contenu, la magie, le ton de la voix, l’expression des autres, les malaises, les périodes d’incertitudes et sur le fameux lien de confiance.

La froideur technologique me permet rarement ce contact.

Peu importe. Je suis de retour, plus nerveux que si c’était ma première fois. Plus nerveux parce que je vais avoir devant moi des jeunes personnes qui sont restées sur leur faim pendant la pandémie. Des jeunes à très forte majorité pour qui les contacts pédagogiques se sont perdus.

Je traite toujours mes débuts de session comme si c’était la semaine 1 et le jour 1 de ma carrière. Comme si j’étais en entrevue dans chaque classe. Comme un lion qui sort de sa cage. Parce que chaque premier cours est une entrevue : tu dois toujours regagner ton public. Enseigner comme si quelqu’un tentait de prendre ton poste.
 
Cette philosophie est également partagée par David Goggins dans l’ouvrage Can’t hurt me[1].
 
L’idée est d’arriver aussi prêt et nerveux que lors de l’entrevue. Tu as mangé, tu es rasé, tu es propre, tu portes tes beaux souliers, la lumière est dans tes yeux et tu serais prêt à te battre contre un ours enragé. Tu t’habilles comme s’il s’agissait de tes funérailles. Après tout, quand ça floppe, c’est pratiquement le cas!

Parce que tout le monde est important et vaut la peine.

Parce que tu ne peux pas refaire ta première impression.

C’est Joe DiMaggio, le joueur de baseball légendaire, qui disait toujours jouer comme si quelqu’un ne le connaissait pas dans le public.  

Je risque de faire une entrée théâtrale, de réciter un poème et de tenter de provoquer quelques échanges pour bien lancer la session.

Je vais tenter de résumer ma semaine dans la prochaine publication.

Bonne rentrée!


[1] GOGGINS, David, Can’t hurt me, Lioncrest publishing, 2018, 363 pages. 
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Merci (le plaisir relatif de me "unfucker")

8/18/2021

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Je sors avec peine de la pire période de mon âge adulte. Ma famille s’est décomposée et se recompose tranquillement. Un divorce pénible, quelque chose de commun et je croyais sincèrement que j’étais plus fort que cette mode des ruptures postcovid.

Je suis maintenant une statistique de plus.

Fuck me.  

Je pourrais écrire sur les détails, mais je ne veux pas faire plus de mal en ce bas monde. Mon intégrité est totale et ma parole est aussi solide que le titane alors le reste m'importe peu. 

Toutes les fins sont un peu comme une mort. Tu dois faire la paix, souhaiter le meilleur à tout le monde, te retrousser les manches et repartir. C'est ce que je fais aujourd'hui. C'est ce que je souhaite à tout le monde. 


J’ai parfois été laid et pitoyable dans cet épisode, mais je reste fier.


Et voici la morale de cette histoire :

Mieux vaut être laid et vrai que beau et faux.

Hell, je suis prêt à porter ce message comme un étendard :

Soyons laids et vrais avant la fin du monde.

Aujourd’hui j’écris pour dire merci à tous ceux et celles qui étaient présents dans cette épreuve qui dure depuis des mois.

Je dois tout d’abord m’excuser de mon absence de plusieurs mois sur le blogue, ma difficulté de répondre aux messages et ma fatigue dans la qualité de mes réponses.

Pour dire merci…

Merci d’abord aux étudiants qui m’appuient depuis le début de cette agonisante rupture. Non seulement dans une session à distance, mais en plus avec un prof dans un état second. Je ne compte plus les messages d’encouragement, d’empathie, de soutien, d’amour et de respect.

J’ai reçu : des invitations, des poèmes, une toile (une étudiante qui fait des peintures), des blagues, des photos (appropriées), des vidéos de danse, des textos inadéquats (mais drôles) et tout ce qui était possible dans le contexte.

Je rappelle que pendant la durée de vos études on ne peut pas vraiment tisser les liens que l’on veut. On peut se retrouver plus facilement un an ou deux après votre passage dans les murs.

Autre chose, le "drunk-texting" à ton ancien prof c'est rarement une bonne idée! Même si c'est un peu hilarant.  

Merci à mes collègues. À toi qui m’écris chaque semaine, à toi qui m’invites sur le bord de ta piscine et à toi qui a pris une partie de ma correction en plus de me trouver un médecin de famille. Je sais que les collègues tissent un filet de sécurité autour de moi pendant cette période. Vous êtes incroyables. On a beau faire des blagues, mais c’est vrai que nos rapports professionnels durent plus longtemps que nos couples! (J'écris tout ça, mais je continue de croire que je suis personnellement la meilleure acquisition du cégep depuis les photocopieurs). 

Merci à ceux et celles qui sont venus me voir en pleurs sur les lignes de piquetage. J’étais un peu « down » et si tu me questionnes tu découvriras que je ne suis pas certain de ce qui était écrit sur nos pancartes.

Goddamn

Merci Steve, ton courage est une leçon. Ton écoute est un cadeau, ta vie est un miracle, ta créativité est une promesse. Tu as été le premier à m’écouter. Merci mon frère.

Merci à MJ de qui mon fils est un peu amoureux. Il parle de toi tous les jours! Ta vie simple, ta sagesse et ta sensibilité ont fait la différence. Je te souhaite un homme qui découvre ce que tu es profondément et qui t’aime pour ta grande intelligence et ton âme complexe.  

Merci à Dom pour le cours de MMA privé, la séance valait bien plus que le prix. Il faut garder confiance en toi, tu es le futur. N’écoute pas les gens de peu d’envergure, les aigles ne sont jamais acceptés parmi les dindons.  

Merci à JP pour ton accueil, ton retour karmique et ta vie familiale étonnante. Quel mode de vie non conformiste! Karma is a brother (sometimes it's a b****)

Merci à mes patrons qui ont offert de l’aide psychologique, un arrêt de travail nécessaire et un suivi. Une cadre qui te donne son numéro de cellulaire en tout temps, c’est quelqu’un qui se dépasse pour toi. Sérieux, je vais redonner tout ce que j’ai reçu en soutien aux étudiants et étudiantes.

Merci à ceux et celles que je laisse derrière et que j’appelais « famille ». Les bons souvenirs vont revenir après la tempête, j’imagine.

Ma famille qui me supporte depuis le premier jour et qui parfois est insupportable.

Aux enfants, les miens et ceux de mon entourage… Parce que vous distinguez le haut du bas, la gauche de la droite, le rire des pleurs et surtout le vrai du faux. Même quand vous êtes trop jeunes pour comprendre je sais que vous savez. Mon cœur est le même que le vôtre.

Merci aux amis retrouvés, ceux que je ne pouvais plus voir parce que je ne me sentais pas libre. Votre patience a été grande et j’espère la récompenser. La liste est trop longue ici : merci de tolérer mon radotage, de me tolérer en état d’ivresse ( je ne suis pas une blague), de me laisser dormir ici et là et d’être patient.

Merci à toi qui a pris mon jonc de mariage qui était plus lourd que l’anneau unique et qui me faisait halluciner des spectres du Mordor. Une bouteille de rhum en échange, je ne perds rien!

Merci à la personne en difficulté a qui j’ai donné la chemise dans laquelle je me suis marié. Dans l’espoir que ce bout de tissu te confère force et dignité. J’ai l’impression que ce moment pourrait figurer dans une chanson de Brassens.

La vie est si étrange parfois.

Merci à ma nouvelle flamme. Je ne t’attendais pas et ne t’espérais pas. Tu es belle de croire dans l’amour, d’être patiente alors que tu ne l’es pas, d’être douce, belle et forte. Prochain arrêt : le Valhalla!  

Merci à chaque personne qui prend le temps de voir la souffrance des autres. Mon humble personne, dans l'épreuve ne traitera plus jamais une question de divorce de manière banale. Chaque blessure est comme un puits qui permet d'accueillir des richesses. 

Mon retour sera plus grand que ma chute. Je tente de faire revivre l'analogie du phénix! 

On se retrousse les manches et on repart. 

​Merci à vous, 

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La permission

4/15/2021

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Enseigner est réellement un privilège.

Il s’agit de créer un lien et de trouver les mots.

Mon travail est simple au fond, en quelques étapes voici ce que je fais pendant quelques semaines :
​
1- Je dois faire réaliser à chaque étudiant qu’il n’est pas réellement en contact avec le monde, il entre en relation avec l’histoire qu’il se raconte sur le monde.

2- La plupart du temps, cette histoire n’est la nôtre, c’est celle qui nous vient de la société, de nos parents, nos amis, les médias (incluant Facebook et TVA nouvelles) et ainsi de suite.
​
3- Il existe une grande variété de manières de voir le monde, les blessures, les joies, les peines, l’amour, la vie et la mort. Les conceptions du monde sont étroitement liées à la culture, au contexte social et géopolitique. On apprend de nouveaux mots ici : ceux de la sociologie. C’est un outil formidable pour aborder le monde, pour constater, pour pleurer et parfois pour faire la paix. Ce sont donc de nouveaux mots et de nouvelles images pour le groupe. Il arrive que des étudiants et étudiantes blessés trouvent la paix par les nouveaux mots.

« Ce n’est pas l’acte de parole qui apaise, c’est le travail de la recherche des mots et des images, l’agencement des idées qui entraîne à la maîtrise des émotions. Cela explique pourquoi les traumatisés peuvent écrire des poèmes, des chansons, des romans ou des essais où ils expriment leurs souffrances, alors qu’ils sont incapables d’en parler en face à face. »[1]
 
4- Une fois que nous avons fait les étapes 1 à 3, je laisse les étudiants et étudiantes explorer par eux-mêmes un sujet. Idéalement, ils « redécouvrent » quelque chose qu’ils pensaient connaître. Le plus beau ici, c’est que souvent ils deviennent des professeurs pour moi.

La dernière étape est un cadeau pour eux. Je remets les étudiants à la case 1 pour maintenant leur donner le choix de voir le monde comme ils le veulent et de le raconter à leur manière. Ils me quittent généralement avec des outils de plus (et des résultats académiques et un fulgurant mal au poignet).

Cette session, par Teams je reçois quand même de formidables cadeaux.

En voici quelques-uns :
 
C’est la personne qui décide de faire écouter mon cours à un membre de sa famille, c’est la fille qui sort de sa relation toxique, c’est le gars qui s’ouvre sur ses émotions, c’est la personne qui fait la paix avec son éducation.

C’est cette femme qui porte un poème avec elle dans une salle de tribunal.

C’est l’étudiante qui trouve des suggestions de lecture pour son papa à même ce que je propose.
 
C’est cette simple phrase, lancée dans une vulgaire fenêtre de discussion instantanée qui prend tout son sens :

« Tu me permets d’être moi et je t’en remercie »

Wow.

La permission d’exister et d’être soi-même. Shit, quel genre d’obstacles cette personne doit rencontrer quotidiennement pour qu’un espace de liberté si banal donne une bouffée d’air?

Nous plongeons dans la dernière étape de la session, la dernière période avant de nous rendre au terrifiant examen final. Je sais que je suis exigeant, que c’est dur à suivre et que l’univers social est complexe. Mais on se doit de l’aborder, de dénouer cette complexité pour apprécier les joies et les peines du fameux « vivre ensemble ».

Seul tu es perdu, en groupe tu es oppressé.

L’enseignement à distance c’est pénible pour tout le monde. Je prépare des cours laconiques, je m’emballe seul, je fais mes blagues de papa et je change d’intonation. Tout semble si vide. Chaque phrase et chaque concept est comme une bouteille à la mer. J’essaie et j’espère, toujours un peu plus.
Et de temps en temps, la magie opère.

Parfois en sciences humaines, plus souvent dans la technique d’éducation spécialisée.

Cette session est spéciale pour moi parce qu’elle est le théâtre des plus beaux échanges dans mes classes virtuelles. C’est paradoxal, s’il existe une seule discipline dans laquelle le contact humain est central c’est bien celle en éducation spécialisée.

J’accompagne trois groupes qui sont très différents. Le mardi est plein de surprises, un bon groupe mais qui arrive presque toujours du champ gauche. C’est le théâtre des problèmes techniques, mon groupe aux intérêts variés et la séance qui semble la plus improvisée. Le jeudi est un groupe très fort avec beaucoup de personnalité et une conversation de groupe à la limite de l’établissement. La conversation instantanée est intense « le chat » est intense et je dois souvent m’en éloigner pour ne pas perdre mes moyens.

Pour une raison mystérieuse, c’est dans le groupe du vendredi que c’est magique. La pire plage horaire possible par l’entremise de Teams : vendredi après-midi. La motivation est en dessous de 0. Le premier contact n’était pas évident, peu de réactions à ma présence en classe, une étudiante semble même me prendre en grippe dès le départ… J’essuie donc des critiques. Et pourtant : pendant les séances du vendredi les échanges sont vraiment hors de l’ordinaire.  

C’est spécialement à cause des étudiants et étudiantes qui sont de nouveaux arrivants. Ceux et celles qui sont affectés par le racisme systémique. Celui que l’on ne peut pas nommer. Une personne nous explique le passage dans les camps de réfugiés. Un autre communique sa frustration par rapport aux dirigeants de son pays d’origine. Un de mes étudiants nous partage avec sensibilité les meurtres et les viols du Congo souvent sous les yeux des familles. C’est l’horreur et les grandes douleurs. C’est l’homme dans ce qu’il a de pire. Des pays ravagés par des guerres, par des fratricides, des génocides et également par l’indifférence de l’occident.

Parce que tôt ou tard il faudra faire cet exercice de conscience.
 
Comme ceci: 

« La réaction européenne face aux réfugiés africains en est un exemple. Comme on l’a dit, l’Europe partage une certaine histoire avec l’Afrique. Elle l’a ravagée et pillée. Il y a eu la traite des esclaves, les invasions européennes, beaucoup de violence et bien d’autres choses encore. Cela n’est pas non plus très ancien et cela perdure encore aujourd’hui. Vous avez un téléphone mobile. D’où proviennent les métaux nécessaires à sa fabrication ? Du Congo oriental. Comment les obtient- on ? Avec l’aide de milices violentes qui ont tué près de cinq millions de personnes ces dernières années. Ces milices travaillent pour de grands groupes internationaux et fournissent la matière première dont on a besoin, pour les iPhone par exemple. Cela se passe de nos jours. Tout cela est épouvantable. Des êtres humains fuient une Afrique dévastée pour aller en Europe, et que font les Européens ? »   (p.98,l.17)
[2]

Mais on est loin de cet exercice. Pour l’instant mes étudiantes et étudiants composent avec les discours absurdes des grands médias et le discours opportuniste des politiciens. Le confort, l’indifférence et les sales commentaires sur les médias sociaux.

On trouve de la lumière en classe. Les autres remercient des partages, on est plein d’émotions, on est à l’envers, on constate et on se demandera plus tard comment agir. Le but du cours est principalement la prise de conscience.

La lumière se trouve parfois dans les misères plus petites. Dans les blessures qui semblent banales.

Cette courageuse ose prendre la parole et nous expliquer son surpoids. Elle explique la cruauté du système médical et de cette infirmière qui, sans aucun indicateur clair de santé, lui lâche qu’elle est trop grosse. Cette étudiante va pleurer sa vie. Elle le sait qu’elle est en surpoids. Elle voulait juste occuper un emploi, c’est ce qu’elle vise. Au moins elle fera la rencontre d’un docteur capable d’émettre un jugement plus scientifique (avec des indicateurs fiables) et d’aborder la question de la perception des autres. Elle occupera finalement l’emploi visé. 

On aborde la question tous ensemble. Comme des adultes, personne ne se moque d’elle. Je joue tout simplement mon rôle de gardien. On est plein de compassion. Des discussions sur l’obésité, les jugements, la marginalité, le rapport au corps et sur le système médical. Personne ne se moque d’elle. Elle se donne et le groupe lui permet d’exister.

Merci à toi ma brave. Tu fais le cours autant que moi et tes blessures éclairent nos lacunes et nos ratés. On s’éduque pour faire autrement, pour faire mieux, pour comprendre.

C’est également cette jeune femme qui partage un lien vers un podcast dans lequel se trouvent des liens avec le cours. C’est un autre qui est à l’aise de révéler sa conversion à l’islam. C’est cette maman, sensible, qui réalise qu’un de ses enfants intériorise peu à peu une étiquette négative que l’école tente de lui apposer.

Enseigner est un privilège. On créer un lien, on trouve des mots.

Quand tu te permets d’exister, tu me permets d’exister.
 



[1] CYRULNIK, Boris, La nuit, j’écrirai des soleils, Odile Jacob, Paris, 2019, 300 pages

[2] CHOMSKY, Noam, La lutte ou la chute! Pourquoi il faut se révolter contre les maîtres de l’espèce humaine, Montréal, Lux, 2020, 121 pages. 


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La force et la liberté

4/8/2021

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Partie - II : Libre par le respect 

Pour la première partie, c’est ici : www.lacatabase.com/blogue/la-force-et-la-liberte
​

Entre l’amour et le respect que serait l’objet de mon choix?

Le respect, sans hésiter.

 « Hands down » comme disent les jeunes.

Cette réflexion me vient du psychanalyste CG Jung :

« Un amour « désintéressé » est-il même possible? […] Peut-être a-t-on aussi, en général, tendance à réfléchir le moins possible aux buts de l’amour; à y réfléchir, on risquerait de faire des découvertes qui montreraient la valeur de notre propre amour sous un jour moins favorable que nous nous plaisons à le penser » (p.76,l.30)[1] 

Je vais admettre que l’amour c’est essentiel pour la période de l’enfance. Le problème c’est que le concept me semble très subjectif pour la suite. L’amour est souvent déterminé par « comment la personne qui aime se sent » et a peu à voir avec le traitement que l’on réserve aux autres. Je dirais même que bien des agresseurs se croient plein d’amour. Les crimes passionnels : plein d’amour, les fameuses « tragédies familiales » maintenant des féminicides : des hommes blessés qui se croient amoureux et qui explosent de rage. Tout comme une partie des déviants de toute sorte. L’amour peut facilement endetter son objet et quand il s’agit d’un sentiment aussi intense le pas est facile à franchir vers la haine.

Le respect repose plus sur « le traitement que l’on réserve aux autres » et on peut le mesurer de manière plus objective. Le respect dans la parole, devant les limites des autres, par le consentement, par l’écoute, par le silence et dans cette distance essentielle qui permet aux arbres de pousser dans une forêt. Le respect enfin dans ce qu’il propose de plus rare : laisser les autres faire des choix ou croire en quelque chose avec lequel on peut être entièrement en désaccord tout en continuant de traiter avec mesure la personne.

Amen!


L’idéal serait donc une mesure pratiquement égale d’amour et de respect.

Autant d’amour que de détachement (le désintérêt chez Jung).
En prenant de l’âge, je réalise que le respect est beaucoup plus important pour moi que le sentiment amoureux. Si je repense à ma vie, j’ai développé des relations pleines de sens avec des gens qui ne m’aimaient pas, mais qui témoignaient un grand respect. À l’inverse, les pires vacheries que j’ai subies me viennent de gens se disant « plein d’amour » pour moi.

Quelqu’un pourrait m’objecter : mais lorsqu’on aime, le respect est plus facile non ?

Pas vraiment. En fait, une bonne éducation devrait faire en sorte que nos émotions fortes sont toujours filtrées par le respect.

Ce qui me fait donc conclure ce qui suit : mon idéal serait une relation en parfait équilibre entre l’amour et le respect. Si c’est impossible, je préfère de loin quelqu’un qui ne m’aime pas, mais qui s’accompagne d’un grand respect.  

En 2021, le respect en ligne et la réserve semblent des concepts distants. Cette préoccupation pour le respect me vient sans contredit de la figure maternelle dans ma vie.
 

 
La mairesse du village (et les manques de respect quotidiens)

Ma mère a été la première mairesse de l’Abitibi dans un climat de violence et d’une petite municipalité unique (avec beaucoup de suicides et une grande pauvreté). Le sexisme, les tensions et la violence étaient chose courante pour ma famille. Elle était membre du Parti Québécois et une fervente souverainiste. Par-dessus le marché c’était une féministe militante dans une petite ville de quelque 5,000 habitants. Une femme de conviction, de force et surtout de liberté. Avant l’heure elle fréquentait des homosexuels, des gens de toutes les ethnies et nous exposait quotidiennement à de la culture.
Sa mesure n’était que la démesure. Elle est attachante pour cette raison (et épuisante). C’est un personnage. C’est d’elle que me vient tout mon sens du spectacle et de la répartie.

Il va sans dire que mon enfance était étrange. Le partage entre deux personnages plus grands que nature laisse peu de place pour une enfance typique. Il faut cependant admettre que cette enfance était vraiment magique. 

La plus belle contribution de ma mère est toute simple, c’est un mélange de respect et de dignité.

Mon père était ferme : « Ne t’attache à rien que l’on peut te prendre ou t’enlever » ce qui était donc très stoïque. C’est une partie de l’éducation, mais qui manque de finesse. Ma mère apporta cette finesse par des principes additionnels. 

La première leçon qu’elle nous transmettait était la suivante :
« Peu importe le contexte, tu dois relever la tête et être digne. Tu regardes dans les yeux, tu peux être fier et te tenir droit. Tu peux être pauvre, faible, souffrant, en peine, blessé, affamé, mais tu restes digne »[2].

J’ai toujours trouvé qu’il s’agissait d’une vérité profonde. Combien de personnes possèdent plein de choses sans l’ombre de la dignité ? Pourquoi se laisser abattre avant l’heure ? Pourquoi signaler nos frustrations à tout le cosmos? Pourquoi passer ton temps à juger les autres ?

 
Parce que l’amour est insuffisant.

La deuxième leçon essentielle a été la suivante : que ma mère me respectait profondément. Il est évident que notre relation a été ponctuée de conflits et parfois d’ajustements majeurs. Au final la définition du respect était toujours de retour: témoigner une acceptation radicale pour les choix de quelqu’un surtout quand on ne partage pas les idées, les goûts, la manière de vivre ou la vision du monde. L’amour est un moteur, mais sans respect il peut dévorer et mener au pire.  
Le respect ouvre les yeux sur le monde, sur les autres, sur la prochaine génération, sur le futur, sur la culture, sur ce que l’on doit changer et permet une relation plus saine. C’est ce qui m’a permis de devenir un adulte.

Les limites sont de toujours assumer ce que l’on fait, de ne pas faire du mal aux autres et de tenter de se rapprocher du bonheur. On peut donc se questionner, mais jamais se moquer des autres, mépriser ou contrôler.

De tous mes amis et pratiquement de toutes les personnes que j’ai rencontrées, j’ai été un des enfants les plus libres et les plus acceptés. Mes croyances politiques, religieuses, mon orientation sexuelle, mes excès, mes questionnements, ma colère contre ce monde capitaliste absurde ont toujours été accueillis.

L’implication politique de ma mère a fait en sorte que notre table était parfois partagée par des gens aux convictions politiques variées (des gens de tous les partis politiques sauf le parti libéral). Passer du temps avec des gens qui voient le monde d’une manière complètement différente à la nôtre est vraiment formateur pour apprendre à considérer la perspective des autres.
 

Prof de ballet (parce que c’est beaucoup mieux que de dire « ma mère c’ta une danseuse »)

Ma mère était une rigoureuse professeure de ballet classique. Elle contribuait à faire entrer des étudiantes à l’école nationale de ballet. Elle s’entraînait beaucoup et était très fière. Elle organisait des spectacles, des défilés de mode et des événements. Je garde de très beaux souvenirs des chorégraphies, de la musique et de la culture. Des années à porter des pointes Dans mon regard d’enfant, toutes les mères avaient des pieds déformés par la danse. C’est donc ici la discipline du corps, le respect des performances, le dépassement des limites et cette grâce de la danse que rien ne peut imiter.  

Peu importe l’heure… L’expression de soi!

C’est le party! Tous mes amis étaient de fervents admirateurs de ma mère. Elle écoutait de la musique jusqu’au milieu de la nuit. Elle cuisinait des desserts à minuit, écrivait des poèmes, écoutait des films russes ou les œuvres les plus étranges. Tout semblait toujours surnaturel. Comme personnage nocturne, il était commun qu’elle se couche avec le lever du soleil. Elle travaillait fort tous les jours sans broncher malgré les excès, la fatigue et l’énorme caractère du personnage paternel.

Elle se donne toujours et encore la permission de s’exprimer et d’être ce qu’elle est.

À la maison le quotidien est ponctué de Brassens, Brel, Bartók, des rapsodies hongroises, du piano, de la danse, de Pink Floyd, des Rolling Stones, Satie, de Led Zeppelin, de Moustaki, Mozart, Sting, la danse macabre, Debussy et toutes les collations de jour et de nuit.

Pourquoi je garde un souvenir de faire parvenir un bricolage à Georges Brassens ? Pourquoi je chantais la complainte des filles de joie !?

Encore aujourd’hui je chante des chansons de Brassens à mon fils pour le conduire au sommeil.

Je crois que ma mère m’a fait découvrir le « Port d’Amsterdam » pour me consoler de la vie de village et sema Brassens pour me permettre de canaliser positivement mon rejet de l’oppression sociale organisée.
 

La fois où ma mère bloque une route avec des membres des Premières Nations.

Pour de vrai, avec une communauté autochtone locale. C’était beau et nécessaire. Elle a ensuite fait en sorte que la compagnie forestière, les travailleurs et les autochtones trouvent un terrain d’entente pour continuer à vivre, à travailler et à exploiter les ressources naturelles.

Tu le sais que tes parents sont uniques quand ta mère t’explique le matin qu’il se peut qu’elle dorme en prison et passe à la télé.

Un reportage a effectivement été fait pour la réconciliation. À ce jour ma mère porte toujours des bijoux qui sont autant de cadeaux de ce processus qui favorisa le rapprochement entre deux cultures.

Quelqu’un m’écrira sans doute « C’pas ben ben respectueux de bloquer une route ». Tu as raison, c’est une action politique. Après un génocide, des centenaires de mauvais traitements, une situation objective qui est celle que redoute le peuple québécois (la fausse minorité blanche) et des conditions qui inquiètent toujours la communauté internationale, il est possible que les membres des communautés autochtones s’agitent parfois.

Quand le dialogue est impossible, la désobéissance civile peut être un outil pour faire respecter une cause. Ce sera le cas du futur mouvement écologiste.


La fois du cannabis

Possiblement une légende, mais j’ai de sérieux doutes connaissant les personnages en scène. Ce que je sais comme enfant : ma mère trouva une petite colline de cannabis dans les poches d’un de mes frères. Elle décida de jouer un tour à mon père et en glissa une quantité dans ses cigarettes. La légende raconte que mon père fuma ses cigarettes au travail (yes, en pleine école) et qu’il aurait été interpellé par un collègue!

WHAT

J’ai le souvenir de mon père qui revient du travail et qui semble désorienté. Il va directement se coucher parce qu’il est « trop fatigué ». Même si la leçon derrière cette action me semble difficile à déduire, je sais que mes frères ne se sont plus fait prendre avec des collines verdoyantes.
 

La fois des menaces de mort

Comme première mairesse de toute l’Abitibi, ma mère était critiquée sévèrement. Les insultes sexistes étaient communes (la vulgarité était chose commune). Les menaces étaient si fréquentes que moi et mon père sortions peu. Un soir, nous allons voir un film au cinéma (une de mes seules sorties) et pendant notre absence un homme a téléphoné à la maison pour expliquer qu’elle était seule, qu’il la surveillait et qu’il allait possiblement l’abattre avec une arme à feu.

Le sentiment unique de revenir à la maison après un film pour trouver des voitures de police.

Ma mère est restée solide, digne et fière. Elle a fait plusieurs autres mandats. Elle était comme ça. Elle était parfaite pour tenir tête à mon père. Elle était si ferme en politique que je garde le souvenir du premier ministre du Québec qui téléphone quelques fois à la maison pour lui parler. Parfois pour calmer la situation, parfois pour négocier, parfois parce qu’elle était membre du parti au pouvoir.


Rock on.

La légende raconte que mon père a retrouvé l’auteur des menaces et a fait en sorte qu’il déménage de notre ville natale.
 

 
 
Du fond des épreuves que je traverse, je ne peux que dire merci aux contributions parentales imparfaites et tenter de transmettre le même élan aux enfants qui sont dans ma vie. La force de mon père avec le respect et l’audace de ma mère. Aucune éducation n’est parfaite, mais il faut trouver la paix. Comme m’a dit un jour une grande sociologue « Nous sommes tous abîmés par notre éducation » et comme chantait Cohen « there is a crack in everything, that’s how the light gets in ».
 


[1] JUNG, CG, Psychologie de l’inconscient, Georg éditeur, 1952 [1993], 219 pages.

[2] Sans le savoir, elle faisait écho à l’excellent « A man search for meaning » de Viktor Frankl. Un ouvrage incontournable pour comprendre l’importance de maintenir la dignité humaine même dans les pires circonstances.   FRANKL, Viktor E., A man search for meaning, Beacon Press, Boston, 1946 [2006]


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La force et la liberté

3/29/2021

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Partie – I : La contribution silencieuse de mon père

« Être libre c’est l’œuvre d’une vie »

Je tente présentement de sortir de ma pire période depuis 10 ans. J’assume.

Mes étudiants le savent, mon employeur le sait et je tente d’en tirer le meilleur.

Je fais quelques constats sur la souffrance. La souffrance est une prison qui ferme l’esprit et qui incite aux mauvais raisonnements. Dans mon cas, du fond d’une blessure émergent toutes les anciennes. J’adopte alors une « vision en tunnel » qui n’autorise à voir que la noirceur.

Et quand nos yeux s’ajustent à la noirceur, difficile de voir la lumière de l’autre côté.

On ne perçoit que la tempête. Dans toutes les directions.

Chaque blessure passée, chaque erreur devient comme un point marquant. Et les points s’additionnent pour finalement former une ligne de douleur. La blessure la plus récente devient donc un point inévitable de rencontre de tous nos échecs, comme une conclusion inévitable. Dans mon cas, la ligne tourne sur elle-même et pousse vers l’autodestruction et l’obscurité.

Mais qu’est-ce qui fait que l’on manifeste de la résilience ou de la force à travers la tempête?

Parfois c’est tout simplement que l’on oublie à quel point nous sommes capables ou « badass » dans une situation difficile. C’est parfois nos anciens combats, mais c’est parfois l’exemple des autres. En ce sens je suis privilégié parce que je suis le descendant d’une famille très passionnée avec deux parents plus grands que nature.

J’ai le sentiment fort que le mélange de force et de liberté de mes parents offre une voie unique.

Mon père était un professeur de biologie très sévère. Il était presque toujours stoïque et était impossible à impressionner. Il admirait ses meilleurs élèves, les gens les plus forts et il aimait bien me rappeler que j’avais du chemin à faire pour réussir.

Mon souvenir est que les compliments étaient rares et qu’il était si grand et si fort qu’il était pratiquement impossible que je vive ailleurs dans son ombre. Je garde la perception qu’il me trouvait souvent faible et simple.

Voici donc une liste d’événements qui sont autant de manifestations de la force manifestée autour de mon père dans des situations difficiles[1].
 
La fois ou mon père a fait désarmer les policiers en visite dans l’école.

C’était une autre époque. Mon père est professeur au secondaire. Il considère que l’institution est trop importante pour que l’on circule dedans avec des armes à feu. L’écoute autour de vous est moins bonne, c’est de l’irrespect pour la mission de l’école etc. Mon père a reconduit deux policiers jusqu’aux autopatrouilles et a fait en sorte que les armes de service sont demeurées verrouillées dans les véhicules. Les policiers sont éberlués, mais saisis par le respect et la conviction de mon père. Et cette réplique légendaire de mon père.

Un policier demande « Est-ce que c’est une directive de l’école ? »

« L’école c’est moi. »

                                    Balls of steel
 
La fois où mon père creuse la tombe de son frère.

À bras, comme dans le temps! Un de ses frères était complètement fou et violent (un mélange d’épilepsie et de santé mentale incompréhensible dans le temps). Son frère le battait violemment et l’a même torturé physiquement. Les deux hommes ne se parlaient plus depuis plus de 20 ans.

 Le jour de la mise en terre, les gars de la ville se sont trompés dans le calendrier et mon père était seul devant l’emplacement au cimetière.

Par une journée de pluie battante, mon père a pris une pelle et a creusé entièrement une tombe pour le cercueil de son frère.
 
Son dernier repas
Mon père est détruit par un cancer et il traverse tout ça à la maison. Il est maigrichon et ressemble à un prisonnier de camp de concentration. Il a une sonde pour l’urine et ne peut plus aller aux toilettes seul. Il s’éteint et meurt un peu plus chaque jour. Ma mère et moi veillons sur lui.

Quelques heures avant sa mort, à la maison, nous servons ce qui allait être son dernier repas.

Avec des plaies ouvertes, une sonde, une tonne de douleur et à pratiquement aucune force : il a refusé mon aide pour se rendre jusqu’à la table. Il a marché tout un couloir avec dignité et s’est proprement assis pour son dernier repas en face de moi.

                                    BADASS

Pire : pendant le repas il constate que « Tout goûte très mauvais, tous les goûts sont similaires »

Nous faisons le constat ensemble que c’est parce qu’il perd le goût parce que ses sens s’arrêtent peu à peu et qu’il va mourir bientôt. Il est d’accord, c’est un prof de biologie. Dans l’heure suivante, il s’étendra par terre avec moi jusqu’à ce que la souffrance soit trop grande et que l’ambulance soit nécessaire.
 
Je console un ambulancier.

Mon père est pratiquement mort dans mes bras au bout d’un horrible cancer. Nous étions à la maison. Je l’ai accompagné dans l’ambulance jusqu’au bout avec des ambulanciers de ma ville natale. Mon père avait été un professeur marquant pour les deux ambulanciers. Son corps froid est sorti de l’ambulance et j’ai refusé qu’il soit réanimé. J’ai signé sa mort définitive. J’ai touché son front encore gluant d’une sueur froide. J’étais brisé en morceaux.

Je suis demeuré solide pour lui rendre hommage, c’est ce qu’il aurait voulu.

Un des ambulanciers, un grand et solide gaillard, est venu me voir parce qu’il perdait ses moyens. Il était complètement déconfit et en larmes.

« Cet homme-là c’était mon professeur » dit-il avec amour et j’ai serré le grand type dans mes bras. Après l’avoir consolé je l’ai regardé « Cet homme-là, c’était mon père » je l’ai laissé se reprendre. « Tu vas sortir de l’hôpital, tu vas croiser ma mère en panique, tu ne lui dis rien et tu me l’envoies. Tu peux rester fort et faire de ton mieux pour les autres malades. »

Il m’a serré l’épaule de sa grande main et hochait de la tête comme un enfant.      
 
Le meilleur élève de mon père
Après avoir adressé une demande spéciale. J’ai le privilège de rencontrer un des meilleurs médecins spécialistes du Québec pour mon dos qui me tue littéralement. Il accepte ma demande unique parce qu’il connaissait mon père. Le jour de la rencontre, mon père est mort depuis des années, mais le docteur avait été un de ses meilleurs étudiants. La rencontre est déjà poétique à souhait.

SI je suis entièrement honnête, je suis un peu jaloux parce que mon père parlait souvent de cet homme qui était si parfait à ses yeux. Il est stoïque et dégage quelque chose de la froideur de mon père.

Le docteur m’apprend des nouvelles difficiles, c’est à contrecœur qu’il critique sa profession et les interventions sur le dos.  « Je préfère ne pas t’opérer et que tu apprennes à vivre toute ta vie avec ce mal. Tu devras t’entraîner presque tous les jours et parfois tu seras comme un homme de 85 ans et ce sera très souvent de la torture physique et mentale. »

Je suis tout petit.

« J’ai connu ton père, je sais que tu peux prendre ce taureau par les cornes. Tu as le même feu dans ta poitrine et j’ai lu que certains patients sont capables de devenir très forts. »

Avant de me laisser, il me garde quelques minutes de plus. Il me demande de rester.
« J’étais pauvre quand j’étais jeune, on n’avait presque rien, peu de livres à la maison, pas de culture et j’allais finir ou je suis né. Ton père m’a fait passer plein de tests au secondaire. Il m’a dit que j’étais son élève le plus brillant. Il m’apportait des lunchs pour le dîner.  Il m’a donné des leçons privées le soir et a fait venir mes premiers livres de médecines à la bibliothèque de l’école. Il a fait toute la différence. »

Et ensuite il m’a scié « J’ai toujours été un peu jaloux, il parlait toujours de toi tu sais pour dire comment tu étais fort. Si on a survécu au village et que tu peux battre cette chose, tu pourras faire n’importe quoi. Peut-être que tu pourrais enseigner aux autres.»  


[1] Cet « article » est inspiré de l’exercice du Cookie Jar proposé par David Goggins dans le livre « Can’t hurt me » une source d’inspiration intarissable. GOGGINS, David, Can’t hurt me, Lion crest publishing, 2018, 363 pages. 
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2021 : Le Far West et les algorithmes

1/11/2021

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L'image est tirée du blogue "Reading infinite jest" en ligne : http://chloereadinginfinitejest.blogspot.com/2010/04/amusing-ourselves-to-death.html, page consultée le 18 janvier 2021. 


J’entre dans 2021 plus que jamais devant des écrans. J’imagine que c’est le cas pour plusieurs d’entre nous. L’isolement, les propos concernant la pandémie et les tensions politiques donnent l’impression qu’une partie de la population est devenue complètement folle.

Ici les médias sociaux font figure de Far West parce que la législation est défaillante pour baliser les contenus et les interactions. C'est la loi du chacun pour soi dans l'univers des géants du web. On peut remercier Donald Trump pour une chose : sa sottise va faire en sorte que les plateformes de médias sociaux vont se doter d'un cadre.

Mais qui balise vraiment les médias sociaux et les plateformes ? Les intérêts de quelques corporations et les algorithmes. Je vais donc prendre du temps ici pour exposer quelques considérations sur "les programmes qui font la gestion des fils d'actualité et des recommandations aux internautes".  Alors que nous avons de formidables outils de communications sous la main, nos sociétés semblent perdre le niveau de conscience nécessaire à un bon fonctionnement. C’est dommage, parce que la pandémie est vraiment un petit défi comparativement aux bouleversements écologiques à l’horizon. L’année 2020 est possiblement la plus chaude jamais enregistrée dans l’histoire
[1]. La nécessité d’une conscience environnementale et d’une sensibilité pour les autres sont des qualités urgentes et pourtant on garde l’impression qu’une partie de la population délire complètement en ligne.

Grâce à des lectures, des recommandations de deux étudiantes (Sab et Ari) et des documentaires, je crois fournir ici une partie de la réponse au délire ambiant.   

Au moment d’écrire quelques lignes, je constate que les robots-influenceurs sont à quelques pas et que nous avons peine à comprendre collectivement comment les médias sociaux changent notre rapport au monde. Je vis dans un monde où les influenceurs générés par ordinateur sont en montée :

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1759939/popularite-influenceur-generes-par-ordinateur-explose-pandemie
 
« Une baleine vaut plus morte pour sa peau, sa graisse et sa viande que vivante.
Un arbre vaut plus abattu et découpé en planche que vivant et en croissance.
Un individu vaut plus distrait et engagé par les algorithmes que libre et empathique ».
 
Les mots ne sont pas les miens, ils sont ceux de Tristan Harris – Un ancien employé de chez Google qui s’implique présentement activement pour la protection des données personnelles et la prise de conscience face aux algorithmes.
Les algorithmes travaillent présentement à ceci : te choquer contre une partie de la population (qui te semble idiote) et te convaincre que ton opinion est bonne et fondée. Il y a également le petit quelque chose de plus : t’extraire le plus de données, les stocker, en faire la compilation pour dresser un profil d’utilisateur. Et ensuite ? Te garder le plus longtemps possible devant ton écran sur la plateforme en te proposant plus de liens.  

Et les gouvernements sont d’une lenteur incroyable sur cette question. L’algorithme étudie les utilisateurs, les données sont stockées depuis des années avec le consentement rapide des utilisateurs et aucun réel encadrement gouvernemental.
Chaque clic est compilé, le temps passé devant chaque page est calculé et la succession des liens suivis est méticuleusement décortiquée.

Le modèle d’affaires récompense l’attention donnée à un contenu : ce qui gagne l’attention et la course aux clics. 
Pas la pertinence, pas la validité scientifique, pas la qualité, certainement pas l’humanité et la gentillesse. Pendant ce temps, des intéressés embrigadent peu à peu une partie de la population en cultivant des réflexes sectaires
 
Sur la censure et l’attention
C’est une forme de censure difficile à comprendre: plutôt que d’interdire des propos (et ainsi attirer l’attention sur les propos en question) on permet tous les contenus, tout le monde parle en même temps (ou cri en même temps) et finalement on n’entend plus rien. Ceci pour moi explique partiellement le formidable niveau d’inconscience qui frappe présentement l’espace public.

La montée des influenceurs et des « experts de Youtube » qui alimentent les gens les plus fragiles avec des théories du complot.  

L’exemple est intéressant : les gens ont le réflexe de ralentir pour observer les accidents routiers.  Un réflexe de voyeurisme, pour comprendre ce qui se passe, par curiosité perverse. Notre « vieux cerveau » est exposé à des outils du futur. Si Internet est une autoroute, alors les algorithmes vont croire que nos préférences vont vers les accidents routiers. L’algorithme n’est pas moral, il évalue tout simplement ce à quoi l’utilisateur donne son attention. Donc si les algorithmes étaient responsables de la gestion routière ils croiraient que ce que les gens veulent ce sont des accidents routiers. La nature humaine étant ce qu’elle est : pas mauvaise, mais aisément attirée vers le malheur des autres quand elle n’est pas disciplinée. L’algorithme fait donc la déduction suivante : les contenus les plus populaires sont donc l’équivalent des « accidents routiers ».

Pour fonctionner de manière optimale, les algorithmes créés des « profils d’utilisateurs » (ce que Tristan Harris appelle une poupée vaudou) élaborés sur mesure pour les utilisateurs. Il y a de fortes chances que les gens dans les mêmes tranches d’âge, habitants dans les mêmes lieux, sous le même régime politique auront des intérêts similaires.

Tristan Harris est très critique de l’asymétrie de pouvoir entre l’utilisateur (et son cerveau ancestral) et les algorithmes (l’équivalent de superordinateurs qui sont capables d’analyser et de prédire notre attention). À titre d’exemple : 75% des visionnements sur Youtube proviennent des recommandations de l’algorithme.

L’erreur que l’on fait tous ? De croire que l’on est meilleur que les autres, que l’on garde une capacité d’autocontrôle et de discernement du vrai et du faux.
 
Comme dans une secte : de la capture de l’attention jusqu’au génocide

La secte contrôle ton environnement social, te dispense la vérité, te répète de mille façons les mêmes choses, te soumet à l’autorité morale d’une ou d’une poignée de figures emblématiques, te fait vivre dans un univers symbolique interne (par la langue et les images) qui est autoréférentiel. La plupart des sectes rejettent également les autres groupes du monde extérieur qui « dorment » ou « sont dangereux ».
Au Myanmar (ancienne Birmanie), la population locale navigue par l’entremise de « freebasic » qui fait en sorte que le fournisseur internet te permet d’avoir gratuitement Facebook tandis que les autres médias sont payants. Donc Facebook devient l’internet dans ce pays pour pratiquement toute la population.  Une minorité musulmane a vécu un génocide à cause du gouvernement autoritaire local par l’entremise de Facebook qui répandait des fausses informations sur cette minorité. Le gouvernement a donc sciemment exploité les algorithmes et les réflexes sectaires pour conduire la population à des crimes de guerre.  

C’est un exemple extrême et malheureusement réel de ce que peut faire une bulle artificielle créée par les algorithmes et des acteurs mal intentionnés.
 
Quand ce n’est pas la secte, c’est l’accident de la route
Comment les superordinateurs qui gèrent les algorithmes fonctionnent est qu’ils fournissent des recommandations basées sur chaque clic, chaque minute passée et chaque interaction en ligne. Le programme fait ensuite la recommandation d’un point de départ qui se trouve être ton fil d’actualité ou tes recommandations Youtube.

L’ exemple donné par Tristan Harris dans l’épisode du Podcast de Joe Rogan est à glacer le sang : Une jeune mère s’inscrit sur un groupe Facebook de mères concernées par la santé des bébés --- dans les recommandations se trouve la populaire communauté antivaccin également très concernée par la santé des enfants ---- Une fois sur les liens antivaccins (juste pour voir ou explorer) les liens proposés seront ---- l’épandage de Covid sur Montréal par avion et les célébrités qui ne croient pas au Covid, les antimasques, etc.

Le pire attire l’attention : les humiliations, les blessures, la corruption, les conflits, etc.

Le pire est que l’algorithme veut t’engager avec ce qui te fait plaisir (en te donnant raison) et également avec ce qui t’horripile (amour et haine) pour prouver que les autres ont tort.

Au final, il est relativement facile de croire des généralisations hâtives sur des groupes auxquels on n’appartient pas. L’inverse est vrai : les gens de « l’autre côté de Facebook » croient la même chose sur notre groupe. Peu à peu on glisse et on se détache de la réalité.
 
Peu importe ton point de départ

Parti de droite populiste --- page qui méprise le ou les partis de gauche  --- Un parti comme le Front national (extrême droite française) --- page de mépris des musulmans ---  extrême-droite européenne avec des pages de haine anti immigration --- Théories du complot pédosataniques pour noyer la majorité consciente dans les vagues migratoires inconscientes.
 
Parti de gauche --- blogueur qui dénonce les dérives de la droite --- groupe anarchiste ou communiste --- soutien unilatéral à toutes les formes d’immigration et la désobéissance civile --- théories du complot de la droite composée du 1% qui contrôle l’économie est les médias --- Théories complotistes pédosataniques d’un peuple reptilien qui vit dans le sous-sol terrestre.
 
Le débat n’est donc pas « gauche-droite » mais un mélange entre la qualité des informations consommées, la quantité de données extraites de l’utilisateur, notre capacité collective à faire la différence entre le vrai et le faux et la compréhension de ce que sont les algorithmes.  

Chaque nouveau médium porte un pouvoir autodestructeur intense en lui. Nos seuls remparts sont l’éducation et l’intervention gouvernementale. En attendant l’éveil des gouvernements, je vais continuer de dispenser des cours de mettre en garde et recommander quelques lectures.
 
Une partie des propos contenus dans ce billet ne reflètent pas entièrement mon opinion (certains passages de mon texte sont très alarmistes) et sont plutôt le reflet des considérations présentées dans les sources suivantes :

Tristan Harris – Travaillait chez Google et est très critique des développements récents des médias sociaux.

À voir : The social dilemma, 2020, 1h34, Réalisateur Jeff Orlowski. 

En français « Derrière nos écrans de fumée ». Disponible sur Netflix. 

Note : C'est un documentaire-dramatique qui utilise des acteurs et de la musique dramatique pour renforcer le message. Les commentaires sont très pessimistes. Je crois qu'il est à voir pour lancer une discussion et non pas en faire un dogme. 

Je recommande également « The great hack » un documentaire sur l’affaire Cambridge Analytica.

À écouter : Épisode 1558 – Tristan Harris, Joe Rogan Podcast (donc la balado de Joe Rogan . Tous les outils de recherche peuvent te conduire vers cette entrevue)
 
À lire : "Se distraire à en mourir" de Neil Postman. Un classique pour comprendre l'évolution de la culture et des médias. 
​
POSTMAN, NEIL, Se distraire à en mourir, éditions pluriel, 2017 [1985], 254 pages


[1] Ici : https://www.ledevoir.com/societe/environnement/592958/l-annee-2020-a-ete-la-plus-chaude-enregistree-dans-le-monde

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Tes actes parlent si fort

10/4/2020

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Que je n'entends pas ce que tu dis.
Les mots sont de Ralph Waldo Emerson.

Voici mon dernier billet concernant le parcours d’Anna. Une ex-étudiante victime d’agression sexuelle avec qui j’ai une relation privilégiée.

La partie 1 est ici :  sauver-anna.html
la partie 2 est ici : laisser-mourir-pour-devenir-humain.html

Sur la campagne « J’aime le consentement »

On me demande parfois pourquoi je n'affiche pas fièrement le t-shirt "J'aime le consentement" des établissements scolaires publics. Évidemment je suis en faveur d'une culture du consentement (qui pourrait être contre?). Mais je ne porte pas le logo sur moi parce que j’enseignais le consentement le respect de chacun et prônait la dénonciation par les canaux officiels avant l’heure. Parce que j’accompagne des victimes depuis le premier jour comme professeur.  Parce que la campagne va vieillir et que je ne me sens pas capable de répondre à mes enfants qui me demanderont « pourquoi toi tu avais besoin de dire que tu étais pour le consentement? »

Parce que les actions parlent plus fort que les mots.

Quiconque doit expliquer qu’il est vertueux, respectable ou fort ne l’est pas vraiment. Je vais laisser le soin aux autres d’expliquer pourquoi c’est important.

Je vais aller plus loin. Les prédateurs les plus habiles ont besoin de signaler leur vertu. Ils te demandent leur confiance et c’est comme ça qu’ils te leurrent. Les gens naïfs ont certainement bon cœur, mais ce sont les premiers à se faire frauder et tromper. 

L’agresseur d’Anna aurait porté un t-shirt avec le logo « J’aime le consentement ».

Tu peux repenser à tout ça et laisser cette information te dévorer de l’intérieur. Avant son arrestation c’était une personne fière qui proposait de l’aide aux autres en plus de jouir d’une belle réputation. Tout ça me dégoûte.

Anna était naïve, pleine de problèmes et à la recherche d’aide.

Devinez qui lui en a proposé ?


Mourir comme un romantique
Le romantique en moi croit que les étudiants sont sous la protection des enseignants pendant le passage dans les classes. Que c’est le rôle de chacun des membres de l’établissement de veiller les uns sur les autres. Je crois que mon établissement n’a pas pleinement joué le rôle de protéger cette étudiante quand c’était le temps. Elle est tombée dans une poétique « faille du système ». Je sais que l'on fait aujourd'hui de notre mieux pour n'échapper personne.

Entre l’étudiante en surpoids, confuse, fragile avec un discours qui dérange et le beau prédateur étincelant, je constate qu’Anna était bien seule. Elle n’avait personne pour la croire directement. Au mieux des oreilles pour écouter, mais personne pour agir.

C’était le « death loop » du système, « la spirale de la mort suivante » : « tant que tu ne déposes pas de plainte à la police on ne peut rien faire » et pour déposer une plainte il faut te sentir solide, crédible et organisée dans ta tête. Tant que la plainte n’est pas déposée et que le prédateur rôde, tu ne seras pas solide et crédible.

Anna vivait donc avec son secret partagé avec moi et une intervenante. Une horrible histoire. Pas même sa famille est au courant. Pas à pas, question après question, elle s’est dirigée vers la plainte et la voie juridique. J’ai tellement poussé que j’ai cru qu’elle allait casser en deux. 

Pendant des semaines, chaque fois que j’ai ouvert ma boîte de messagerie je croyais qu’on allait m’apprendre son suicide. Qu’une famille en colère allait me tomber dessus et que des questions de mon employeur allaient suivre. Qu’on allait me dire que j’ai largement outrepassé la salle de classe et que maintenant je suis responsable d’une histoire d’horreur.

J’ai fait le choix de toujours la croire et je crois encore en elle. Mais quand elle ne le fait pas.

Même quand elle est toute croche (et oui girl, tu es encore un peu tout croche! Je sais que tu vas rire en lisant ceci).  

Au bout de la route, elle a fait tellement de chemin que c’est difficile à réaliser. Un peu comme quelqu’un qui se tient au sommet d’une montagne après l’ascension et qui la perd de vu une fois au sommet. Sauf que ta montagne est invisible, silencieuse et qu’il fait froid en haut.

Shit. Je te vois Anna. J’aime mieux mourir comme un romantique au pied de cette montagne que de ne pas croire en toi.

 
Le dénouement

Après une tonne de tergiversations, elle dépose finalement une plainte à la police. Une autre journée, c’est l’arrestation. Il a tout l’air du prédateur sournois déguisé en personne aidante. Comme c’est souvent le cas, d’autres victimes font surface et on découvre le pire. Le procès va suivre. Après le choc, tout le monde se protège et soudainement on est tous dans le camp d’Anna. « J’aime le consentement » pas vrai?

« Qu’est-ce qu’une victime espère au fond » était ma question de départ.  

Aucun mal au prédateur ne lui rendra sa vie, sa dignité ou le reste. Au final, je crois qu’Anna ne sait pas très bien quoi attendre de toute cette démarche.

Je crois qu’une victime espère s’en sortir.

Anna est revenue au monde. Elle est autre chose entièrement. Elle est là, plus forte de corps et d’esprit, plus grande et plus capable. Elle a perdu une tonne de poids, elle fait de l’activité physique, elle se bat en justice et travaille fort pour laisser la fille naïve derrière. Ceci n’est pas l’histoire d’un succès parce qu’on ne connaît pas la fin. C’est juste l’histoire d’une lutte pour se transformer et cracher au visage des injustices. J’ai eu le privilège d’être le témoin de cette transformation et d’être un père symbolique pour son retour au monde.

C’est mon souhait pour toutes les victimes : de revenir au monde. Tôt ou tard on doit voir chacune des personnes qui souffrent et permettre le retour. Évidemment, il faudra aussi quitter les rôles de bourreau et de victime. 

Ne pas rester au sol et laisser le système écraser, ne pas attendre la prochaine campagne « i can’t breathe », ne pas laisser mourir une femme autochtone sur une civière en se demandant si le racisme existe.

Parce que tu sais « Tes actes parlent si fort que je n’entends pas ce que tu dis ».

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    Auteur

    J'essaie d'inspirer chaque personne que je rencontre. À défaut, je la faire rire ou je l'ignore. Je suis professeur de sociologie au Cégep de Granby depuis quelques années. J'habite également mon corps et ne vois aucune contradiction à combiner la force de l'esprit et celle du corps. Dans le passé, j'ai occupé la fonction de représentant des organismes communautaires de l'Estrie. Mon objectif est de favoriser une prise de conscience par l'entremise de ma discipline et de mes expériences.

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