Voici un contenu spécial!
Un enregistrement audio sans montage avec quelques conseils que je donne à un ancien étudiant qui est en route pour devenir père. Voici un résumé des conseils : À partir du cliché « On ne naît pas père… » I – Toujours agir comme un volontaire II – Accepter que c’est une des plus grandes aventures III – L’importance de faire la paix avec ton éducation /tes origines IV – Cultiver avec trois objectifs ( richesse, stabilité, stimulation) V – Quelques principes en rafale -Tout passe (ne pas obséder avec des détails) -Vivre tes émotions, se montrer vulnérable et confiant -Transmettre quelque chose de plus -Accepter l’expression inattendue de la vie -Donner une idée claire de la réussite, chacun à sa mesure -Faire quelque chose de difficile -La fin du rôle de parent
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Il y a des souvenirs qui vivent pour l’éternité. Quelques moments avec les enfants qui suggèrent qu’ils incarnent tout ce que j’ai de meilleur. Je continue de croire que ce monde n’est pas vraiment prêt pour quelqu’un d’aussi gentil que mon petit dernier. Je ne crois pas vraiment que c’est à cause de mes efforts, je crois qu’il avait tout en lui, mais les plus beaux souvenirs de ma vie sont en sa compagnie et particulièrement quand il me renvoie des leçons que je tente de lui inculquer en étant nettement meilleur. Ce souvenir date de l’année dernière, lors d’une sortie scolaire. Je suis parent-accompagnateur lors d’une course à obstacles dans la boue. Je suis encore amoché de ma dernière course un ou deux jours avant, mais je saisis l’opportunité d’accompagner des enfants survoltés du primaire et une belle équipe de profs. Les petits sont en feu et l’activité déborde de vie. Je jette un œil vigilant sur mon fils de temps à autre, de loin, surtout pour lui envoyer le message : « Fais-toi confiance, tu es solide ». On échange quand même quelques paroles sans cérémonie : « Tu sais ce que tu dois faire », il hoche la tête le regard plein de défi et pose ses yeux sur l’horizon. Le bon vieux « You got this ». Le sens de la force
C’est une question éternelle entre nous, la plus fréquente… Quelle est la responsabilité de quelqu’un quand il est plus rapide, drôle, fort, rusé ou joyeux que les autres? La réponse que l’on se donne est que quand on a une longueur d’avance, on veille sur les autres. C’est un privilège de manifester des talents ou des compétences. La force ne prend son sens que dans le service du groupe. Il comprend, je sais qu’il est en feu. Je fais ce qu’il faut souvent faire comme parent : ne pas me mettre en travers de son chemin. Mon fils sait la place que je vais prendre : derrière le groupe, avec les plus vulnérables, les plus fragiles et ceux qui ont le pas lent. La course s’enclenche sous les cris de joie. Après une distance relativement courte, on rencontre un bouchon devant un obstacle qui pose problème. Ce genre de course est sécuritaire, mais une prof me cherche. Un enfant a fait une vilaine chute d’un obstacle, il est avec elle, un petit gaillard avec un bras mou comme un spaghetti trop cuit. Ses joues sont mouillées de larmes, sa journée s’est terminée abruptement et quelqu’un doit le raccompagner à l’accueil. Je suis l’élu. Je dois tenir le petit bras et c’est laid. Le petit membre semble cassé en deux endroits, la peau en est déformée. Le petit est apeuré et ne sait quoi faire de mes soupirs stoïques pendant le bref examen. Il a l’air brave, mais surtout inquiet. Je me positionne à sa hauteur. « Est-ce que mon bras est cassé monsieur? » [Il m'appelle par mon prénom et moi le sien, mais je ne veux pas nommer l'enfant ici] « On fera regarder ça par un docteur, ici et maintenant il se faut se concentrer sur le retour à l’accueil. » Il comprend « Mais je peux te dire une chose, ce que tu as c’est comme une cicatrice et tous les grands guerriers en ont ». Il regarde son bras avec un éclair d’émerveillement, j’ajoute : « Moi je pense qu’on va s’amuser quand même jusqu’à l’accueil ». Nous marchons ensemble, je maintiens son bras et chaque bosse est un test pour le petit. Il est touchant dans son combat, nous prenons finalement une pause qui, sans surprise, est pire que l’épreuve. Il a besoin d’énergie. « Hey, je veux que tu penses à quelqu’un qui te fait du bien, quelqu’un qui console et qui donne de la force ». Il se redresse, fort et fier, les yeux sur la route qui nous reste. « J’ai quelqu’un, monsieur! Il me console, je peux tout lui dire, il est brave et toujours là pour moi, c’est mon ami ». « Ok, tu le garde dans ton cœur et tu penses à lui quand c’est dur ». Il marche brave et solide, puis lance : « Mon ami s’appelle Mathys » je suis scié. « Tu sais quoi petit? » « … » « Je suis le père de Mathys » Il s’illumine comme jamais, plus de larme, les fractures probables sont presque drôles et il a maintenant le courage de 10 personnes. « Je me sens tellement bien » qu’il chantonne parfois en me regardant avec fierté. À l’accueil, nous sommes si proches que les responsables croient que c’est lui mon fils. Je dois le laisser entre des mains plus compétentes que les miennes. Plus tard, j’ai bien retrouvé mon fils au bout d’un sentier. Il est coincé avec une équipe mixte en difficulté. Je les approche sans bruit et l’équipe est sur le point de tomber à la renverse. Ils doivent transporter un objet trop lourd et doivent se relayer ce qui fait que de reprendre l’objet sans arrêt est difficile. Tous se relaient sauf ce petit… le mien… Mathys courbe l’échine sous le poids, mais il fait tout pour stabiliser l’équipe et il lutte à chaque instant. Il est au bout de ses capacités. Je sors l’équipe de l’embarras après mon admiration de la lutte et pendant quelques minutes des enfants me posent des questions sur le petit qui est tombé en début de course. Après quelques explications, mon fils est partagé entre ses sentiments, mais rassuré que son ami soit sauf. Essoufflé, il me demande finalement : « Pa, qu’est-ce que tu fais avec nous? » le regard constant. On se comprend, il dépasse encore mes attentes. Je termine pour lui : « Tu crois que quelqu’un pourrait avoir besoin d’aide? » Il hoche de la tête, le regard lumineux: « Fais ce que tu dois faire Pa » C'est dans son regard, dans sa fierté de servir en silence et de m'en demander autant que je sais qu'il porte quelque chose de merveilleux. Ma journée était faite et à ce jour cette médaille de participation est celle à propos de laquelle je suis le plus fier. Le monde n’est pas prêt pour quelqu’un d’aussi bon que lui. |
AuteurJ'essaie d'inspirer chaque personne que je rencontre. À défaut, je la faire rire ou je l'ignore. Je suis professeur de sociologie au Cégep de Granby depuis quelques années. J'habite également mon corps et ne vois aucune contradiction à combiner la force de l'esprit et celle du corps. Dans le passé, j'ai occupé la fonction de représentant des organismes communautaires de l'Estrie. Mon objectif est de favoriser une prise de conscience par l'entremise de ma discipline et de mes expériences. Archives
Octobre 2024
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