Attention aux lecteurs : contrairement à mes habitudes, le niveau de langue est plus bas. Comme j’écris sur l’arrivée dans 2022 je reste civil, mais « j’en ai mon char ». 2021 a été horrible pour moi (bouhou pauvre moi). Je débute 2022 et tous les indicateurs signalent un shit-show de proportion biblique. Comme une piñata pleine de merde suspendue au-dessus de ma tête. « Ok, Roger that » Que faire alors ? Premièrement, j’adhère à la philosophie suivante : Ben oui, c’est une « shit-piñata », mais au moins c’est moi qui vais tenir le bâton. Deuxièmement, je vais citer la série culte « The Wire » en remplaçant le mot « Baltimore” par 2022 : “If the Gods are fucking you, you find a way to fuck them back. It's 2022, gentlemen; the Gods will not save you” Donc, trouvons une manière créative de baiser les dieux (nouveaux et anciens : loin de moi l’idée d’exclure). En 2022, rire sera un acte de résistance. Vivre sera brave, au prix d’être ridicule. Afficher un bout de son incompétence, prendre des risques, oser s’exposer pour commettre des actes d’amour, pour faire ce que l’on aime. Je ne suis pas le meilleur pour m’occuper de moi, mais je suis encore capable de faire rire les autres. Et oui, ceci explique cela. Quelqu’un m’a écrit en privé : « Es-tu rendu à danser comme une graine sur TikTok pour que les étudiants t’aiment? » « Oui »[1] Mais pas pour recevoir de l’amour. Pour en donner, parce que je les perds les étudiants et étudiantes. Pouce par pouce, jour après jour, rencontre Teams par rencontre Teams, abandon après abandon. Je voulais dépasser mes limites en 2021 pour essayer d’être le meilleur et j’ai été complètement détruit par la session et des groupes d’étudiants beaux, plein de potentiel, mais à la dérive. Ma vitesse de correction est celle d’une tortue renversée, bourrée de Jack Daniel’s qui compte les nuages. Je n’ai aucune idée de comment je suis devenu si lent. Pis oui les jeunes sont sur TikTok, pis je sais que c’est de l’édutainement, que les pères fondateurs de la sociologie s’agiteraient dans leur tombe, que ça comble mon grand besoin d’attention. « Keep talking, I’m reloading » Donc oui, s’il faut que je danse comme une graine sur internet je vais le faire. Je trouve le commentaire un peu blessant pour tous les pénis. Incapable de ne pas terminer sur quelque chose d’un tantinet poétique, je vous laisse sur deux mots importants à mes yeux. Le nadir Ce mot je l’ai toujours aimé. Il est trop peu connu et utilisé. Le nadir est l’inverse du zénith. Le zénith c’est quand le soleil est à son point le plus haut dans le ciel au-dessus de soi. On l’utilise souvent dans le sens de l’apogée. Le nadir est exactement l’inverse. C’est lorsque le soleil est à son point le plus bas en dessous de soi donc sous nos pieds. On l’utilise rarement ou jamais. C’est pourtant un mot que j’aime même s’il vient avec une grande douleur. Le zénith, aussi beau soit-il est éphémère et la seule direction suivante est la descente. Le nadir vient avec une tonne de possibilités. Le soleil ne fait que remonter à partir de ce point. Pourquoi pas ne s’assurer de ne pas tomber plus bas? Augmenter nos standards à partir d’un point et tenir la ligne coûte que coûte. Querencia Mot espagnol : c’est le lieu dans l’arène ou le taureau préfère rester. Les matadors savent qu’en cet espace le taureau se sent presque invincible. C’est un espace dans lequel le taureau se sent chez lui. C’est un lieu à partir duquel il attaque, il réplique, c’est un lieu d’authenticité. Le mot « querer » se rapporte au désir, à l'amour et la fin du mot ("encia") est liée à un élan ou une forme de quête. J’ai trouvé qu’Hemingway est responsable de la diffusion de ce mot ici. Chacun doit avoir un espace dans lequel il est presque invincible : par l’art, le sport, la bienveillance, le rire, la danse, la culture, le rapport à la nature et j’invite chacun à renouer avec cet espace. Partir de ce point pour rejoindre les autres. Parce qu’on ne va certainement pas mourir en silence. Donc on accepte que ce point est le nadir, tu loges dans ta querencia et on passe à l’action. Un pas à la fois, un cours à la fois, un geste à la fois. En 2022, les dieux doivent nous entendre. [1] J’ai pas été capable de ne pas ajouter « Moi je suis une graine qui danse, toi tu es une graine qui regarde une autre graine danser. »
2 Commentaires
Camille
1/22/2022 01:03:06 pm
Je t' aime grand comme le monde P.P. 😘❣️🥀❣️
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P-Philippe Lefebvre
1/26/2022 01:17:05 pm
Hey! Merci! J'essaie de donner autant d'amour que je peux. Merci d'en faire autant. -PP
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AuteurJ'essaie d'inspirer chaque personne que je rencontre. À défaut, je la faire rire ou je l'ignore. Je suis professeur de sociologie au Cégep de Granby depuis quelques années. J'habite également mon corps et ne vois aucune contradiction à combiner la force de l'esprit et celle du corps. Dans le passé, j'ai occupé la fonction de représentant des organismes communautaires de l'Estrie. Mon objectif est de favoriser une prise de conscience par l'entremise de ma discipline et de mes expériences. Archives
Juin 2024
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