Partie #1 Cette semaine, voici la première partie d’un billet sur Marc-Aurèle et des notes de « Pensées pour moi-même ». J’ai de l’affection pour ce livre, car c’est le premier livre que j’ai lu. C’est le genre de livre qui trainait dans notre salon familial quand j’étais petit. J’ai retrouvé récemment la copie originale que j’ai dérobée à ma mère. Voici la copie du livre : Je me souviens encore de ma première impression à la lecture de cet ouvrage. Comme des morceaux d’une grande vérité présentée sans cérémonie. Chaque passage me lançait dans des réflexions et certains passages me hantent toujours. Cet auteur s’intéressait profondément au « comment vivre » et utilisait toute sa sagesse pour tenter de vivre en harmonie avec sa propre nature et l’univers. Qui était-il? Marc Aurèle est un empereur romain qui dirigea cet empire de l’an 161 jusqu’à l’an 180 après Jésus Christ. Il dirige un vaste empire dans une période très trouble, il traverse de nombreuses guerres et sera mis à l’épreuve par un entourage difficile. Il est également le père de l’un des pires empereurs romains. C’est également un stoïcien qui est surnommé l’empereur philosophe. Personnage unique, il était connu par sa capacité à dormir de temps à autre directement sur le sol, à être très généreux pour traverser ses peines personnelles et à toujours tenter de s’élever à travers les conflits et le trouble ambiant. Voici donc 5 extraits de « Pensées pour moi-même » avec mes commentaires. Une prochaine publication portera sur 5 autres extraits. #1. « Tu n’es qu’une âme chétive qui soulève un cadavre », comme disait Épictète. (p.75,l.15) Marc-Aurèle cite Épictète, un ancien esclave qui a une influence importante sur l’empereur. C’est un avertissement, un rappel à l’ordre qui dit de rester modeste et simple. La personne la plus forte au monde sera bientôt un cadavre et toute l’arrogance de se croire invincible ou supérieur sont des fautes graves. Ton corps sera bientôt un cadavre, tout le monde est faible… Paradoxalement c’est à partir de cette réalisation qu’il est possible de tirer de la force et de faire quelques pas de plus. J’accepte d’être si peu, je chemine à partir de cette condition. #2 « Si l’un des Dieux te disait : « Tu mourras demain ou, en tout cas, après-demain », tu n’attacherais plus une grande importance à ce que ce soit dans deux jours plutôt que demain, à moins d’être le dernier des rustres, car qu’est-ce que ce délai? De même, ne crois pas que mourir dans beaucoup d’années plutôt que demain, soit de grande importance. » (p.76,l.16) C’est l’ancêtre du « vivre chaque jour comme si c’était le dernier ». Pour moi, il y a plus ici. Les mots viennent d’un empereur très puissant. C’est la pratique du détachement par rapport au moment de sa propre mort, à l’entreprise humaine et une reconnaissance de la fragilité de chaque être vivant. Il se met également en garde ici d’être un rustre et de présumer qu’il dispose de beaucoup de temps devant lui. Il s’avertit de vivre chaque journée en tentant d’en donner et d’en tirer le meilleur. #3 « Le meilleur moyen de t’en défendre est de ne pas leur ressembler » (p.97,l.21) Voici une phrase qui me hante depuis plus de 20 ans. En chaque chose se demander « à quoi je ressemble du point de vue d’un observateur » ? C’est également un appel à l’action pour se distinguer de tout ce qui est haïssable et avilissant. Ce que j’aime plus que tout c’est qu’il écrit bien « ressembler », il parle d’action et non pas de croyances. C’est par nos actions réelles que nous nous séparons, nous distinguons et évitons d’être associés à ceci plutôt qu’à autre chose. Il m’arrive de poser la question autrement et de questionner le discours que j’entretiens sur moi-même. La question : « Si tu crois que tu es X pourquoi ressembles-tu à Y? ». C’est très simple, mais très confrontant. #4 « Il est honteux que, dans le temps où ton corps ne se laisse point abattre, ton âme, en ce même moment, se laisse abattre avant lui » (p.103,l.24) Une de mes maximes lors de l’entraînement. Jamais, jamais l’esprit ne doit céder avant le corps. Je ne veux pas dire pousser jusqu’aux blessures ou ne pas écouter la douleur aiguë (un cas très rare). Il est souvent possible de pousser un peu plus loin, de faire quelques pas de plus, quelques répétitions, de tenter autre chose. Le corps le peut et l'esprit ne devrait jamais s’abattre avant le corps. Je suis quelqu’un qui se perd facilement dans sa tête. Parfois, me remettre dans mon corps par une pratique comme l’entraînement, le yoga ou la callisthénie intensive me fait le plus grand bien. Je bloque une période pendant laquelle les rouages infernaux de ma psyché ne sont plus aux commandes. Parfois c’est mon esprit qui pousse mon corps et d’autres fois c’est mon corps qui tire mon esprit. #5 « La perfection morale consiste en ceci : à passer chaque jour comme si c’était le dernier, à éviter l’agitation, la torpeur, la dissimulation. » (p.125, l.36) Ce n'est pas tous les jours que quelqu'un donne une définition de la perfection. Ici c'est le « Memento Mori » qui signifie « souviens-toi que tu vas mourir ». La clef est de garder en tête que nous sommes tous mortels. C’est un appel à vivre sa vie pleinement et avec gratitude. C’est également un avertissement par rapport à toutes les agitations (qui sont de passage) ou la torpeur ( qui est un état contraire à celui du vivant). Plus que tout, Marc-Aurèle sert un avertissement contre le fait de se mentir à soi-même ou aux autres. Source Marc-Aurèle, Pensées pour moi-même suivies du Manuel d’Épictète, Garnier-Flammarion, 1964, 248 pages.
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AuteurJ'essaie d'inspirer chaque personne que je rencontre. À défaut, je la faire rire ou je l'ignore. Je suis professeur de sociologie au Cégep de Granby depuis quelques années. J'habite également mon corps et ne vois aucune contradiction à combiner la force de l'esprit et celle du corps. Dans le passé, j'ai occupé la fonction de représentant des organismes communautaires de l'Estrie. Mon objectif est de favoriser une prise de conscience par l'entremise de ma discipline et de mes expériences. Archives
Octobre 2024
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