« Find what you love and let it kill you» Vers dans le style de Bukowski. « Some people never go crazy, what horrible lives they must live. » -Some people never go crazy, Charles Bukowski J’adore la poésie pour trouver de la motivation. Il existe de bons jeunes poètes d’ici (je recommande la lecture de Véronique Grenier). Cet été, je m’efforce de lire des classiques comme les textes de Laferrière, un immigrant qui porte notre culture à travers le monde. Quand vient le temps de me motiver cependant, rien n’égale jamais le poète Charles Bukowski. J’ai bien tenté de trouver et de lire quelques traductions, mais c’est généralement vraiment moins bon que l’original. Dans cette période d’intolérance sur les médias sociaux, je me permets de partager quelques extraits de l’œuvre du poète Charles Bukowski. Juste du beau. People are not good to each other People are not good to each other People are not good to each other Perhaps if they were Our deaths would not be so sad Extrait tiré du poème The crunch. J’en récite en classe, certains poèmes sont collés sur les murs de mon bureau pour ne pas me perdre. C’est une source de motivation intarissable pour moi. Peut-être que certains parmi vous y trouveront quelque chose? En voici un qui est directement lié à des thèmes du cours : Those who preach GOD. NEED GOD. Those who preach PEACE. NEED PEACE. […] Beware those quick to praise For they need praise in return Beware those quick to censure They are afraid of what they do not know […] They will attempt to destroy Anything That differs From their own Not being able To create art They will not Understand art -The genius of the crowd On pourrait en dire autant en 2019 sur « Ceux qui ne sont pas racistes… ». Un classique pour les cours de sociologie et la vie en en groupe. Ce poème livre un vibrant commentaire sur les paradoxes, les effets de groupe, ceux de la foule et sur la bêtise collective. Sur une note plus personnelle, le poème reste un classique pour moi : enseigner est un art et un acte de passion. Comme plusieurs dans ma profession, je garde souvent un sentiment d’incompréhension à travers les prestations et la création. What matters most is How well you Walk through the fire. -How is your heart? Pour cette étudiante, Miss D., je recommande « No leaders» (parfois appelé « No leaders please »). C’est une jeune femme parfois perdue et blessée qui se cherche, se reconstruit et découvre sa force. Il est presque impossible de ne pas tirer quelque chose des vers du poème. «Invent yourself and reinvent yourself Invent life. It is you. » En voici la lecture: Pour mon collègue, dont la mère est décédée récemment, je lis The laughing heart en pensant à toi. En hommage à ton courage pendant cette période, voici le poème en entier : The Laughing Heart Your life is your life don’t let it be clubbed into dank submission. be on the watch. there are ways out. there is light somewhere. it may not be much light but it beats the darkness. be on the watch. the gods will offer you chances. know them. take them. you can’t beat death but you can beat death in life, sometimes. and the more often you learn to do it, the more light there will be. your life is your life. know it while you have it. you are marvelous the gods wait to delight in you. Pour celles et ceux avec la fibre environnementale, «Dinausauria, We» n’a jamais été d’une si grande actualité. Je mets quiconque au défi de lire ce poème sans faire des liens avec le contexte actuel, le manque de vision et le peu de conscience aux questions environnementales. À quelques jours d’une course à obstacles difficile, il est parfois utile de me relire les vers suivants : Unless the sun inside of you is Burning your guts out, Don’t do it. -Do you want to enter the arena? Je termine sur la finale de mon préféré «Roll the dice » dans une version que j’aime encore mieux que celle que j’avais sous la main. Do it,
All the way, All the way, You will ride death straight to hell, Your perfect laughter, The only good fight now. -Roll the dice Source : ESSENTIAL BUKOWSKI, Selected and edited by Abel Debritto, HarperCollins publisher, 2016, 225 pages
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Pour la diversité corporelle ! Cette semaine je présente des capsules qui sont des histoires racontées sur les ondes de CIAX 98,3 la radio communautaire de Windsor. Le tout est en collaboration avec l'organisme Arrimage Estrie. Je fais la lecture de deux capsules et je présente également la copie des textes plus bas. La première histoire est très intime et s'intitule "Vulnérable". Elle explique un combat personnel que j'ai mené pendant plusieurs années. La deuxième "15 semaines" explique certains défis liés à l'image corporelle des étudiantes dans le cadre de mon travail. Pour celles et ceux qui s'intéressent à l'ensemble du projet, voici un lien soundcloud vers toutes les capsules. soundcloud.com/user-267622571/sets/chroniques-arrimage-estrie?fbclid=IwAR2r567H2bYYIvZU8vaVJF4vafmhbAC_eWw6iy5ibIxaXiz09764H996xJY Vulnérable 15 semaines Vulnérable Un jour j’ai pris une décision : ne plus jamais me sentir vulnérable. J’avais le coeur brisé parce que mon père est mort tout près de moi. Il était diminué et l’ombre de tout ce qu’il avait été. Papa méprisait la faiblesse, surtout la mienne. C’était un homme grand, conforme à l’idée de la virilité, solide et très fort. Il était comme une tempête qui gronde et qui va sans peur. Souvent stoïque, fier et mélancolique, on pouvait toujours reposer sur lui. Un jour l’impossible est arrivé, je l’ai vu se faire dévorer par le cancer. J’aurais voulu le sauver, être assez fort pour repousser la mort, j’aurais pris sa place. Mais il est mort. Son corps froid s’est dispersé et j’ai marqué ce jour d’une décision : celle de dépasser toutes mes limites et de ne jamais me plaindre. Pour me sentir en contrôle, fort et invincible. Si je deviens la mort, elle ne pourra pas m’atteindre. J’ai creusé en moi pour trouver la force sans réaliser que je creusais un trou. Je m’entraine tous les jours. Je cours, je saute, je tire, je pousse, je rage, je programme ma vie, je prends le contrôle, je souffre volontairement et mon corps en porte de plus en plus les marques. Et ça marche. Ma graisse fond et mes muscles sont saillants. Mon père serait en admiration silencieuse, je ressemble à tout ce qu’il aimait. Mon entourage est fier de moi, je ne me laisse pas abattre dans le deuil, je me « prends en main ». Je descends de plus en plus en moi pour trouver la force, le trou est plus profond. Où il faudrait ralentir, j’accélère. Je me crois le reflet de la faiblesse des autres, de leur manque de contrôle. Plus de dessert pour moi, juste des légumes verts, je contrôle mes portions, mes calories et mes efforts. Rigueur, régime, protéines, miroir et démesure lors des entraînements. Je laisse ma peine derrière et je veux traverser de l’autre côté du miroir pour revenir au monde. Je sprint, je fonce, je soulève des charges impossibles pendant de longues heures. Rien ne pourra me faire plus mal que moi-même. Papa aurait peur de mes excès. Cette idée me fait sourire. Je ne suis pas vulnérable, je suis capable d’en prendre. Ma peine est maintenant un souvenir flou. Je me lève avant le soleil et me couche après lui. La lumière ne me touche plus, mon armure est complète. Ma vie est un tunnel entre deux points : le moi d’avant et le nouveau. Tout le monde me demande c’est quoi mon truc. Personne ne sait que la faim me réveille la nuit. On me complimente, on me respecte. Je pèse 50 livres de moins qu’à ses funérailles. J’ai l’impression d’être taillé dans le roc. On me dit que j’ai la force de mon père. Personne ne sait que je porte un mort sur mon dos. Je voulais prendre sa place et je le fais. Est-ce que mon tunnel va vers la lumière ou les profondeurs ? Papa serait stoïque de peine. La mort c’est moi. Plus on m’admire, plus je me déteste. C’est au moment où l’on me complimente le plus que je suis le plus mal de toute ma vie. Je sus l’image de la réussite de l’odeur de la mort. J’ai dévoré ce qui me dévorait. J’ai cannibalisé mon deuil. J’avais besoin d’aide et pas d’encouragements. J’avais besoin d’écoute et pas de regards. Aujourd’hui cette histoire est derrière moi. Bien plus tard, j’ai réalisé que pour être fort, il faut être vulnérable. Il faut s’accepter d’abord et se battre ensuite. Je fais le choix de me respecter et d’être fort pour les miens. Être est plus important que d’avoir l’air. Tu peux être vulnérable et invincible, c’est ça être humain. J’ai découvert tout ça et aussi l’organisme Arrimage Estrie. Chez Arrimage Estrie tu peux parler de toi et découvrir ce que sont la bigorexie, l’entraînement excessif, l’anorexie, l’orthorexie pour développer un rapport sain à ton corps. Tu es le bienvenu. Tu peux être toi-même. Tu peux te rétablir. Fort ou faible, on t’accepte dans toutes tes formes. Arrimage Estrie est un organisme d’action communautaire autonome qui favorise le développement d’une image corporelle positive dans la collectivité en plus d’accompagner les personnes touchées par un trouble du comportement alimentaire ou une préoccupation envers leur corps, leur poids ou leur apparence. 15 semaines 15 semaines, ça passe vite. C’est le temps qu’il faut pour que se termine une session au cégep. Je suis professeur. Je fais la rencontre de Julie, une étudiante gentille, intéressée et surtout pleine de potentiel. Je vois immédiatement son grand potentiel. Il me reste déjà peu de temps pour lui donner une idée de ses forces et de la pousser un peu. Je suis plein d’espoirs : en sciences, en politique, en athlétisme, peu importe ce qu’elle va choisir, je sais qu’elle va réussir. Mon but est de l’attirer vers sa propre lumière, de la tirer vers le haut, de finalement disparaître et de la laisser prendre son envol. Mais il y a un obstacle entre moi et Julie. Un mur. Julie se trouve ronde, elle est honteuse de son corps. Plutôt que son potentiel, elle voit ses bourrelets, son trop-plein et elle se compare à d’autres. Qui sont les autres? Des modèles fabriqués par des empires publicitaires ou bien des jeunes femmes de son âge avec des corps bien différents du sien. Pis après? Elle intervient moins en classe. Comme pour cacher le trop-plein de son corps, elle me cache son esprit. Elle ne veut pas que je la remarque, ne veut pas déranger. Elle est concentrée sur une diète, préoccupée par sa taille et elle obsède à l’idée de nos regards posés sur elle. Julie ne se préoccupe pas de tout ce qu’elle apprend et de toutes les portes que mes cours lui ouvrent. Je tente de la rejoindre, mais je la perds. Calorie par calorie, lecture par lecture, discussion par discussion, pesée après pesée, elle devient moins que ce qu’elle était. C’est paradoxal, moins elle participe et moins elle performe. Je crois qu’elle fait les mauvais choix. Les semaines passent et je la confronte. Elle a un regard blessé. Elle m’explique qu’elle attend. Elle ne le dit pas comme ça, mais je comprends que la Julie de maintenant se voit comme une transition. Elle attend de se sentir belle, elle sera bien quand son corps sera transformé, plus tard, dans quelques semaines, dans quelques kilos, quand elle sera quelqu’un d’autre. Plus tard, elle sera confiante. Plus tard, elle donnera son opinion. Quand elle sera assez. Elle pourra alors faire les bons choix : se concentrer sur ses études et même trouver quelqu’un qui la traite bien dans sa vie amoureuse. LIENS COMPLÉMENTAIRES
Arrimage Estrie arrimageestrie.com/ ANEB Québec (Anorexie et Boulimie) anebquebec.com/ |
AuteurJ'essaie d'inspirer chaque personne que je rencontre. À défaut, je la faire rire ou je l'ignore. Je suis professeur de sociologie au Cégep de Granby depuis quelques années. J'habite également mon corps et ne vois aucune contradiction à combiner la force de l'esprit et celle du corps. Dans le passé, j'ai occupé la fonction de représentant des organismes communautaires de l'Estrie. Mon objectif est de favoriser une prise de conscience par l'entremise de ma discipline et de mes expériences. Archives
Juin 2024
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