Les plantes se développent pleinement dans l'espace libre. Faire le plein c’est d’abord faire le vide. J’ai découvert cette approche avec le silence, la méditation, l’entraînement à haute intensité et également le deuil. Dans ma vie de tous les jours, je constate que ce sont les objets qui me tiennent prisonnier. Un peu comme cette fameuse phrase de Fight Club « Les choses que l’on possède finissent par nous posséder ». Les soucis matériels peuvent facilement devenir une distraction qui éloigne de ce qui est important. Je suis dans ma maison je me mets à ne plus voir clair, à être encombré par des choses qui se mettent dans le chemin. Pire encore, une partie de mes projets reposent sur le fait de dépenser pour avoir un peu plus de biens. Une autre phrase me revient alors, celle de Will Rogers (je paraphrase) : « Dépenser de l’argent que je n’ai pas, pour acheter des choses que je ne veux pas, pour impressionner des gens que je n’aime pas ». C’est le mode de vie qui est proposé par les médias de masse. Dans les 4 dernières semaines, j’ai pris le chemin du « minimalisme » ou de « l’essentialisme ». C’est une pulsion que j’avais depuis longtemps et que je réalise maintenant pour retrouver de l’énergie et voir clair. Pour celles et ceux qui s’intéressent à une démarche de la sorte, deux ouvrages se trouvent en référence au bas de cette publication (ils se retrouvent en Kindle si jamais vous ne voulez pas vous encombrer de livres sur le minimalisme). Pour ma part, j’ai simplement pris la décision d’attaquer, pièce par pièce, les objets pour garder seulement ce qui est important. Dans le doute, je range les objets dans une boîte et je vais prendre une décision sur leur avenir dans un mois ou deux. Les effets bénéfiques de ce ménage sont immédiats, après seulement quelques heures de ménages je me sens libre, je retrouve du temps et je fais plus les activités que j’aime vraiment. Voici donc une liste incomplète de ce qui est dans mon chemin : - Des vêtements que je n’aime pas ou que je n’aime plus et qui restent dans le garde-robe. - Une tonne de documents, de papiers, de textes et de notes de cours. Ma profession attire les amasseurs de papier compulsifs. - Une petite montagne de bouts de planches si jamais le besoin s’en fait sentir dans des travaux, des vieux pneus et des matériaux. - Deux tiroirs pleins de vêtements usés (pour peinturer, ce qui n’arrive jamais). C’est incroyable, j’ai même des vêtements de ma jeunesse qui me rappellent des souvenirs. - Une tonne d’extensions électriques, de gadgets, d’adaptateurs, deux réveille-matins et deux téléphones « au cas où ». - Beaucoup de livres, dont certains que je n’ai pas encore ouverts. - Plusieurs objets « au cas où » que je vais sans doute déménager. J’ai donc fait un gros ménage, des voyages à l’écocentre et des ventes dans cette démarche qui devrait se poursuivre dans les prochaines semaines. *** De l’autre côté, voici les effets immédiats de me rendre à l’essentiel : - M’entraîner dans le soleil levant (entre 5h30 et 7h00) : il n’y a rien au monde de comparable. - Faire plus de yoga et regagner un peu plus de souplesse chaque jour. - Me remettre à jouer du piano. Nous avons un piano que je n’utilise jamais. Plus ma belle-fille m’entend jouer, plus elle en joue elle-même pour me montrer ses talents. - Vendre des choses que j’utilise peu et diminuer mes dettes une partie de l’argent. - Faire des cadeaux à mes proches. - Surprendre ma conjointe avec ma manie de faire du ménage partout dans la maison. - Prendre le temps de dire à ma douce avec sincérité qu’elle est belle et que je l’aime (je n’ai pas manqué une journée). - Passer du temps avec mes enfants sans aucune source de distraction. - Préparer tranquillement un repas et ensuite apprécier de faire la vaisselle à la main, parce que je peux ralentir et réfléchir sur ma journée. - Dormir un peu plus : comme il n’y a plus rien à faire, je trouve plus facilement le sommeil. - Remplir un croque-livres dans mon quartier. - Utiliser et apprécier pleinement chaque objet dans ma maison. - Donner un peu de mon temps à un organisme communautaire. - Découvrir une tonne d’activités gratuites dans Sherbrooke (des concerts en plein air, du yoga, une journée gratuite dans les musées, des films que la bibliothèque prête sans frais, etc.) Je compte poursuivre cette route cet été et possiblement que je vais publier encore sur mes résultats. Un autre bénéfice manifeste est que j’ai l’impression que c’est plus facile de prendre une décision et de dire « oui » ou « non » parce que ce qui est important est visible. Mon père me disait toujours ceci: «Tout ce que tu possèdes vraiment, c’est ce que tu gardes dans ta tête et ton cœur». Je crois qu'il ne voulait pas que je me rende trop vulnérable au monde extérieur. Ma petite découverte est donc qu'au-delà de la vulnérabilité, faire le plein passe d’abord par faire le vide ce qui est un paradoxe pour une société de consommation et de gaspillage. Je vous invite à garder votre espace intime libre de toutes distractions, de sortir des relations toxiques et de l’encombrement pour finalement avoir la chance de donner plus et mieux. Deux ouvrages en référence : BECKER, Joshua, The more of less : finding the life you want under everything you own, Waterbook press, 2014, 242 pages. MCKEOWN, Greg, Essentialism; the disciplined pursuit of less, Random house Canada,2016, 274 pages.
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AuteurJ'essaie d'inspirer chaque personne que je rencontre. À défaut, je la faire rire ou je l'ignore. Je suis professeur de sociologie au Cégep de Granby depuis quelques années. J'habite également mon corps et ne vois aucune contradiction à combiner la force de l'esprit et celle du corps. Dans le passé, j'ai occupé la fonction de représentant des organismes communautaires de l'Estrie. Mon objectif est de favoriser une prise de conscience par l'entremise de ma discipline et de mes expériences. Archives
Juin 2024
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