J’aime vraiment mes étudiantes et étudiants même s'il arrive que je le cache parfois en classe. Avec le contexte actuel, je souhaite une belle fin de session dans un environnement fou. Force est de constater que d’enseigner en ligne comporte des surprises, des moments de malaise et plusieurs défis. Je suis vraiment loin d’être le meilleur avec les nouveaux outils et c’est parfois la galère de mon côté. À ceci s'ajoute maintenant les obstacles du côté des étudiants. Pour mes cours, j’ai diffusé des capsules vidéo que mes groupes écoutent en ligne. En plus, je fais des séances pendant lesquelles on peut venir me poser des questions « live ». Sauf qu’avec les plateformes, les outils technologiques, nos personnalités et l’ambiance actuelle, c’est vraiment tout un défi que de se comprendre. Pour votre amusement voici donc en rafale mes moments préférés des cours en ligne. Pour rire de moi : la transcription automatisée. Les vidéos que je publie sur l’intranet du cégep s’accompagnent d’une transcription automatisée. Un logiciel interprète donc les sons qui sortent ma bouche, qui passent par un micro et transcrit le tout dans une bande de texte. Voici quelques exemples (encore une fois je tiens à spécifier que les transcriptions sont des erreurs de la part du logiciel… ): Quand j’ouvre mon cours sur l’expression « Aux BICHES! (très proche de bitches...) » La fois où j’ouvre sur « Hé bébé » ( voir l'ouverture de ce billet). Dans les deux le logiciel ne comprend pas que j’utilise l’expression « What’s up Granby » (sic). Mais je m'amuse encore avec les étudiants et les étudiantes. Voici quelques exemples des comportements hilarants devant la webcam. L’étudiante qui ne veut pas quitter la rencontre. Je ne sais pas, elle me prend en pitié et elle croit que je vis de l’isolement. Dans tous les cas, elle reste plantée devant sa caméra dans un long moment de malaise quand tous les autres sont partis. Je répète deux fois, souriant (comme je peux) « C’est terminé, merci » puis « la rencontre devant prendre fin à 14h00 »... et elle reste! C’est un long moment de malaise « viva l’awkwardness ». Je soupire, elle me sourit, on ne sait plus quoi faire, on ricane comme des cons. Observation d’un collègue dont j’ai fait l’expérience
L’étudiant qui ne comprend rien. Rien de rien. Il arrive à la moitié de la rencontre. Quand il ne m’entend pas (problème avec ses « speakers ») il crie ses questions dans nos oreilles ce qui ne fait aucun sens... Il coupe parfois sa caméra sans avertissement et quand elle s’allume on le retrouve dans les positions les plus étranges. Misère. L’étudiante avec le PC qui « lague » (Que je surnomme « Jane je lague »). En classe, cette personne était accusée de retarder le groupe. Ironie du sort, en ligne cette personne fait « laguer » toute la conversation par sa simple connexion. Le plus étrange est sans doute qu’elle croit que tout est toujours aussi lent autour d’elle. Son cousin « Joe off beat » Joe off beat fait clairement autre chose pendant la rencontre. Je suspecte qu’il a 10 fenêtres d’ouvertes simultanément. De temps à autre, il entend quelque chose qui le préoccupe et il nous fait tout répéter. « Joe off beat » reste toute la rencontre (pourquoi?) et fait toujours tout répéter, sauf que quand sa cousine est en ligne c’est trois fois plus long. Le couple qui fait deux cours côte à côte On entend un autre prof sur un autre ordinateur à côté. « c’est un autre cours d’un autre prof, on a juste une paire d’écouteur ». Holy crap. Retrouver les étudiants en mode « Bad hair day ». À chaque étudiant qui se connecte, je contrôle une envie de rire. Que dire, j’ai traversé les années 80 donc on peut croire que des coupes de cheveux douteuses j’en ai vu. Mais avec le confinement, c’est vraiment louche. Un étudiant avec une tête afro, un autre qui ressemble à ma photo dans mon album de finissant on dirait une reprise du vieux « Degrassi high school » mais avec des web cam. Le dude qui fait juste « venir voir » Il débarque, interrompt toute la rencontre avec un micro beaucoup trop fort et semble éberlué comme quelqu’un qui sort directement d’un jeu vidéo (personnellement je pense que sa « game est sur pause »). « Je suis juste v’nu woir pis c’est cool, cho bye » puis il se déconnecte. Dude. La fille candide Qui m'explique : « Chui vraiment contente de pouvoir terminer ma session parce que je n’avais pas envie de t’avoir une deuxième fois ». J’attends dans silence malaisant qui comble le cyberespace. « Tu sais, moi je n’avais pas vraiment envie de t’enseigner la première fois anyway » On se regarde, on ricane, elle reprend: « Non mais tu sais ce que je voulais dire » « Oui, tu sais ce que je veux dire aussi » Comme quoi s’apprécier est difficile par webcam, mais ne pas s’apprécier l’est tout autant. Le gars qui se filme avec son toaster C’mon génération technologie! Sa caméra bouge, l’image est jaune et brun, tout branle de tous les côtés. Il apparaît, il disparaît, puis soudainement on voit une image mystère qui pourrait être une patte de table, un animal, un plancher dégueulasse avec une brassée de linge sale ou de l’épiderme vu au microscope. Il fait des apparitions mystères et l’image est parfois à l’envers avec la qualité d’un film porno des années 1970. La fille qui cherche un chien C’est arrivé, son micro est ouvert on est live. Elle cherche un chien, elle déambule, je ne trouve pas le mute. «LOOOOOOOOUIS, LOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOUIS » Shit. Les enfants qui sont en feu Les enfants qui circulent, ceux qui posent des questions, ceux qui estiment (avec raison) que je n’ai pas d’affaire dans leur vie. Ceux qui déambulent en arrière-plan en costume d’halloween ou de superhéros. Mon préféré : le petit désagréable qui hurle dans les oreilles de sa maman. Elle explique exaspérée « Je suis à L’ÉCOLE » il rétorque, plein d’assurance « Hi,hi, même pas tu es DANS LA CUISINE ». Smartass. Le chum fâché qui réexplique mes notions L’étudiante anxieuse qui pose beaucoup de questions. Fine. Son chum « off-screen » qui lui répond sur un ton exaspéré. Priceless. Il n’ajoute pas de qualificatif au bout de ses réponses mais c’est tout comme. Souvent j’entends ce « narrateur off screen » ridiculiser les notions et son amoureuse « Ben là, c’est même pas compliqué stie » Je ne sais pas pourquoi, je l’imagine en camisole blanche et en boxer. #Mansplaining Le combo de la mort La rencontre débute maladroitement, micros trop forts, caméras croches, on renifle une dernière fois et on se crie bonjour un par-dessus l’autre. On se dit qu’on est heureux de se voir, mais on ne trouve pas ça sincère parce que c’est froid en ligne. On commence. On est interrompu par des retardataires, on se refait des salutations. J’explique des notions importantes, mais je dois répéter : des caméras tremblotantes s’allument et chaque réponse que je donne. Un dude « vient juste voir » et crash la rencontre avant de disparaître. « Joe off beat » me fait tout répéter et je dois le faire en slow-motion parce que « Jane qui lague » nous retarde. Ma réponse est semi-compréhensible à cause du couple qui fait deux cours côte à côte. Je tente de me reprendre, mais devant les « bad hair day » des étudiants je glousse dans mon micro. Je répète sous le regard amusé des enfants en feu. Une anxieuse n’est pas certaine de ma réponse, son chum désobligeant répète de manière exaspérée les notions en soupirant. Le reste du groupe ne m’entend pas bien parce qu’une fille cherche son chien. Bonus : deux étudiants tentent de se répondre en se donnant des informations douteuses. Je capte une dernière fois l’attention de mon étudiante la plus en difficulté sans jamais être capable de la regarder dans les yeux. On termine après une heure, je me dis "God i really need a drink" mais il est 10h00 du matin. Je reste avec deux membres du groupe : la fille qui ne veut pas partir parce que j’ai l’air d’une œuvre de charité et un gars qui clairement ne sait pas qu’il est toujours dans la rencontre. Viva la fin de session 2020.
2 Commentaires
Mélanie
4/20/2020 11:48:52 am
Haha vraiment trop drôle, merci encore une fois de nous partager ces faits cocasses!
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Daniel Marquis
6/19/2020 03:53:12 am
Intéressant de constater que la FAD comporte des situations cocasses. Et je garde ce commentaire en tête : « Sauf qu’avec les plateformes, les outils technologiques, nos personnalités et l’ambiance actuelle, c’est vraiment tout un défi que de se comprendre. »
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AuteurJ'essaie d'inspirer chaque personne que je rencontre. À défaut, je la faire rire ou je l'ignore. Je suis professeur de sociologie au Cégep de Granby depuis quelques années. J'habite également mon corps et ne vois aucune contradiction à combiner la force de l'esprit et celle du corps. Dans le passé, j'ai occupé la fonction de représentant des organismes communautaires de l'Estrie. Mon objectif est de favoriser une prise de conscience par l'entremise de ma discipline et de mes expériences. Archives
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