Comment devenir invincible Pas de magie ici : voici deux ingrédients essentiels pour développer de la force intérieure. Voici la deuxième partie de mes considérations sur 10 extraits de Marc-Aurèle. Ce sont certes de « vieilles idées », mais les vieux pommiers ne donnent pas de vielles pommes pas vrai?
Pendant une certaine période, on me surnomma "l'invincible" (parfois affectueusement et parfois non) : cette réputation est clairement imputable à la pratique du stoïcisme (voir le passage #9). #6. « Les hommes sont faits les uns pour les autres; instruis-les donc ou supporte-les. » (p.142, l.19) « Tu éduques ou tu endures » serait la version plus brutale de ce passage. Cette phrase je me la répète pratiquement chaque jour. C’est une des phrases qui me poussa directement vers l’enseignement. En fait, c’est largement parce que je suis trop sensible et intolérant à certains comportements que j’ai fait le choix de devenir professeur. Je pousse sur ma classe jusqu’au bout et je lâche prise en fin de session. #7. « On est souvent injuste par omission, et non pas seulement par action. » (p.147,l.35) Autre phrase qui me plongea dans un profond examen de conscience. Outre l’examen de nos actions quotidiennes, il faut également se demande « quelle omission je suis en train de commettre ». L’idée n’est pas de se responsabiliser à outrance, mais dès que je suis témoin d’une injustice ou d’une manifestation d’intolérance j’essaie de le faire connaître. Notre époque est troublante à cet égard… Mes parents pouvaient plaider ne rien savoir de la Guerre du Vietnam parce que la télévision en parla trop tard. Que vais-je expliquer à mes enfants concernant la Syrie, les réchauffements climatiques, l’eau embouteillée, la corruption du monde politique et ainsi de suite? Suis-je coupable par omission? #8. « « De voleur du libre arbitre, il n’en est pas. » Le mot est d’Epictète. » (p.187,l.27) Cette phrase, au bout de longues méditations, m’enleva pour toujours les mots « je n’avais pas le choix » de la bouche. J’essaie de toujours demeurer pleinement conscient et responsable de mes choix. La fatigue, le stress, l’intoxication, les sentiments et les obstacles ne devraient pas m’enlever la possibilité d’exercer ma volonté. Mes plus grosses erreurs à vie sont toutes le fruit des moments pendant lesquels je me sentais sans libre arbitre. Je ne veux pas faire la morale aux autres et je sais que certaines situations (dont les conditions socioéconomiques) limitent des possibilités. On peut même venir au monde dans toutes sortes de conditions horribles et il faut le reconnaître. Par ailleurs, j’essaie de limiter autant que possible « l’attribution externe », c’est-à-dire le fait d’attribuer à quelque chose d’extérieur de mes actions, mes omissions ou ma volonté les résultats d’une situation qui m’affecte. Si c’est en dehors de ma volonté, la situation ne devrait pas m’affecter (plus facile à dire qu’à vivre, je sais). #9. « Habitue-toi à tout ce qui te décourage. La main gauche, en effet, tout inhabile qu’elle soit en tout le reste, faut d’habitude, conduit les rênes plus fortement que la droite; c’est qu’elle y est habituée. » (p.193,l.25) On peut toujours s’entraîner dans sa zone de faiblesse. Cette phrase est un autre « must » pour moi : non seulement trouver ce qu’une situation difficile apporte en amélioration, mais c’est également de changer mon attitude devant les difficultés. Quand je galère dans une situation pénible, j’essaie d’abord de sourire. Les journées pendant lesquelles je reçois le plus de compliments sont typiquement mes journées les plus difficiles. Premier paradoxe : les encouragements m’aident instantanément à remonter la pente. Je crois profondément aux bienfaits de l’inconfort : à l’entraînement, en classe, quand vient le temps d’explorer des idées… Chaque échec configure le terrain pour la victoire suivante. Une de mes plus belles expériences d’enseignement est de pleurer avant un cours parce que j’avais perdu toutes mes notes et mon Powerpoint : une superbe séance d’improvisation de 3 heures a suivi. Je sais qu’au besoin je peux le refaire. J’ai également participé à ma première course à obstacle (un Tough Mudder de 20KM) après un diagnostic d’hernie discale et de compression de la moelle épinière. Avec de l’entraînement, je sais que je peux aller au-delà de l’opinion d’un docteur. Ma conjointe, une beauté rarissime, m’était complètement impossible d’approche. J’avais la bouche sèche, je tremblais et j’ai perdu du sommeil avant de l’aborder. Aujourd’hui j’adore ma famille, ma douce et mes enfants. Un truc concret : Apprendre à compter jusqu’à trois. Quand une situation est trop difficile et je suis proche de l'abandon , je prends une pause et je compte « 1 ». Je continue ensuite jusqu’au bout de mes efforts, je sais que j’ai commencé à compter et que je peux abandonner. De manière classique, cette idée me donne un peu de force (quoi que souvent l’idée d’abandonner me choque et me permet de faire les pas de plus). Si je parviens encore au bout de mes efforts, je compte alors « 2 » et je n’abandonne jamais avant d’atteindre le chiffre 3. Paradoxalement, c’est très rare que j’arrive complètement au bout du décompte. J’ai le privilège d’avoir la réputation d’être sans relâche, tout ça à cause de cette petite ruse. Comme je dis aux enfants à la maison : la légende dit qu’il existe quelqu’un qui sait compter jusqu’à 5… #10 « Il faut, dans la pratique des principes, être semblable au pugiliste et non au gladiateur. Si celui-ci, en effet, laisser tomber l’épée dont il se sert, il est tué. L’autre dispose toujours de sa main, et n’a besoin de rien autre que de serrer le poing. » (p.194,l.1) « Je t’aime » court, vrai, fondamental et simple. C’est la base d’une relation durable, ça vaut la peine de le répéter. Plus on élabore, plus on extrapole, plus les raisons de l'amour sont complexes et plus on risque d’être désarmé. Ce principe se retrouve un peu partout. À l’entrainement, les physiques les plus intéressants au monde pour être fonctionnels et efficaces sont ceux des gymnastes (avec peu d’équipement). Les physiques les moins fonctionnels sont ceux des bodybuilders (beaucoup d’équipement, des routines complexe, une alimentation très rigide). Les outils les plus simples sont ceux qui brisent le moins facilement : un pied de biche, un marteau, un levier. Les outils les plus fragiles sont les plus complexe : un ordinateur, une voiture entièrement électronique, le Titanic (insubmersible), etc. La campagne « sans oui, c’est non! » est un bon exemple de principe semblable au pugiliste. Le dossier « charte de la laïcité et des valeurs québécoises » un exemple de débâcle digne du gladiateur. L’idée n’est pas de trouver un slogan, mais bien de s’arrêter à ce qui est fondamental. Il en est de même dans les principes qui guident notre vie et nos actions. En ce sens, j’essaie toujours de trouver le cœur de mes actions (« le pourquoi profond ») pour en prendre conscience et reposer dessus par la suite. L’idée est de garder une fondation solide pour me guider et transmettre le plus à mon entourage.
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AuteurJ'essaie d'inspirer chaque personne que je rencontre. À défaut, je la faire rire ou je l'ignore. Je suis professeur de sociologie au Cégep de Granby depuis quelques années. J'habite également mon corps et ne vois aucune contradiction à combiner la force de l'esprit et celle du corps. Dans le passé, j'ai occupé la fonction de représentant des organismes communautaires de l'Estrie. Mon objectif est de favoriser une prise de conscience par l'entremise de ma discipline et de mes expériences. Archives
Octobre 2024
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