Après la chute : Semaine 1, jour 1
Ce blogue change un peu de vocation. Je garde le thème de la catabase, c’est-à-dire ce point le plus bas à partir duquel on tente de remonter vers une grandeur parfois inaccessible. Ce thème est d’autant plus approprié que je viens de traverser une période extrêmement pénible : arrêt de travail, rupture, prise de poids, etc. Donc on pourra suivre de plus proche mon retour au monde à travers 15 semaines de cours. Je garde l’identité des étudiantes et étudiants confidentielle, mais je suis à l’aise de partager sur mes succès et erreurs pédagogiques, sur les moments de grâce en classe et sur la qualité de nos échanges. Alors c’est parti! Semaine 1, jour 1 Dès demain, je suis de retour en classe depuis ce fameux vendredi 13 mars où l’on annonçait la pandémie. Des semaines, des mois et plus d’une année de pandémie et de mesure sanitaire. De retour en présentiel! Oui c’est arrivé quelques fois dans le passé, mais juste de manière sporadique sans jamais pouvoir établir le contact que je voulais. EN PRÉSENCE POUR DE VRAI Mon travail, enseigner, existe uniquement en personne. Je ne crois pas dans l’enseignement à distance (désolé pour les apôtres). Enseigner est un travail humain qui repose sur le contact, l’émerveillement, le corps, la voix, le contenu, la magie, le ton de la voix, l’expression des autres, les malaises, les périodes d’incertitudes et sur le fameux lien de confiance. La froideur technologique me permet rarement ce contact. Peu importe. Je suis de retour, plus nerveux que si c’était ma première fois. Plus nerveux parce que je vais avoir devant moi des jeunes personnes qui sont restées sur leur faim pendant la pandémie. Des jeunes à très forte majorité pour qui les contacts pédagogiques se sont perdus. Je traite toujours mes débuts de session comme si c’était la semaine 1 et le jour 1 de ma carrière. Comme si j’étais en entrevue dans chaque classe. Comme un lion qui sort de sa cage. Parce que chaque premier cours est une entrevue : tu dois toujours regagner ton public. Enseigner comme si quelqu’un tentait de prendre ton poste. Cette philosophie est également partagée par David Goggins dans l’ouvrage Can’t hurt me[1]. L’idée est d’arriver aussi prêt et nerveux que lors de l’entrevue. Tu as mangé, tu es rasé, tu es propre, tu portes tes beaux souliers, la lumière est dans tes yeux et tu serais prêt à te battre contre un ours enragé. Tu t’habilles comme s’il s’agissait de tes funérailles. Après tout, quand ça floppe, c’est pratiquement le cas! Parce que tout le monde est important et vaut la peine. Parce que tu ne peux pas refaire ta première impression. C’est Joe DiMaggio, le joueur de baseball légendaire, qui disait toujours jouer comme si quelqu’un ne le connaissait pas dans le public. Je risque de faire une entrée théâtrale, de réciter un poème et de tenter de provoquer quelques échanges pour bien lancer la session. Je vais tenter de résumer ma semaine dans la prochaine publication. Bonne rentrée! [1] GOGGINS, David, Can’t hurt me, Lioncrest publishing, 2018, 363 pages.
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AuteurJ'essaie d'inspirer chaque personne que je rencontre. À défaut, je la faire rire ou je l'ignore. Je suis professeur de sociologie au Cégep de Granby depuis quelques années. J'habite également mon corps et ne vois aucune contradiction à combiner la force de l'esprit et celle du corps. Dans le passé, j'ai occupé la fonction de représentant des organismes communautaires de l'Estrie. Mon objectif est de favoriser une prise de conscience par l'entremise de ma discipline et de mes expériences. Archives
Juin 2024
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